Audiologie Demain (AD) : Quel est le bilan de ce 24e EPU ?
François Le Her (FLH) : Cette édition est un bon cru. Nous avons enregistré un nombre stade de participation en termes d’audioprothésistes. Toutefois, la loi anti-cadeaux et l’interdiction pour les industriels d’offrir l’hospitalité à des étudiants lors de congrès a dissuadé les quelque 150 jeunes que l’EPU accueille chaque année. Malgré tout, nous avons proposé à une cinquantaine d’entre eux de participer en tant que bénévoles. Les thèmes abordés tout au long de ces deux jours l’ont été sous l’angle des innovations techniques à l’heure du 100 % Santé : connectivité, évolution des mesures objectives, big data et intelligence artificielle, téléaudiologie…
AD : La profession se positionne dans un contexte de pénurie de prescripteurs pour d’éventuelles délégations de tâches. Est-il question de modifier le contenu de la formation initiale ?
FLH : Nombre d’ORL partent à la retraite et ne sont pas remplacés. Qui, dans ce contexte, peut réaliser les explorations fonctionnelles ? Il paraît nécessaire, pour répondre à cette problématique d’accès aux soins, de compléter notre formation au niveau audiovestibulaire dans le cadre du cursus initial. De même, nous envisageons de mettre en place une habilitation pour l’appareillage pédiatrique et le réglage d’implants, qui ne serait délivrée que par l’obtention d’un diplôme ou une validation d’aptitude. Ces actes pourraient faire l’objet d’une prise en charge spécifique reconnue par l’assurance maladie et être cotés. Et ne seraient réalisés que par quelques audioprothésistes spécialisés.
AD : Se pose de nouveau la question de l’intérêt d’un ordre des audioprothésistes. Qu’en pensez-vous ?
FLH : En effet, la loi de Santé du 24 juillet 2019 prévoit la recertification des professionnels de santé. Ce dispositif, qui permet de garantir la même qualité de prise en charge sur tout le territoire, devrait entrer en vigueur dès cette année pour les médecins et l’année prochaine pour toutes les professions de santé disposant d’un ordre. Un ordre est donc la condition pour s’inscrire dans la recertification. Les professions qui en sont dotées disposent ainsi des moyens de contrôle des compétences et d’autorisation d’exercice sur un territoire... Cet organe pourrait également encadrer la publicité dans notre profession. Nous allons initier une étude de faisabilité dans les mois qui viennent.
AD : Le CNA est très soucieux concernant la formation d’étudiants « espagnols ». Où en est-on ?
FLH : Le droit européen nous impose d’accorder des autorisations d’exercice à ces diplômés d’écoles espagnoles. Ces étudiants doivent passer devant la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS), qui peut requérir une mise à niveau par un examen d’aptitude ou des mesures compensatoires telles que des stages de 42 semaines. Là où le bât blesse, c’est qu’il n’y a pas d’exigence concernant ces stages. N’importe quel corner peut recevoir des étudiants étrangers s’il est reconnu par l’ARS. Le CNA demande que soit établie une liste de maîtres de stage agréés par une commission constituée de représentants des syndicats et du CNA. On ne doit pas pouvoir prendre de stagiaire à moins de remplir certaines conditions comme être détenteur du diplôme d’état depuis plus de trois ans…