Pour la seconde fois, les congressistes pourront participer à la Journée pluridisciplinaire de l’audition en amont du Congrès de la SFORL. Peut-on dire que la première a donc été un succès ?
Bernard Fraysse : Oui, la première édition a été un véritable succès, nous avons accueilli plus de quatre cents participants. L’objectif, réussi, était de rassembler une audience pluridisciplinaire, composée de médecins ORL, de généralistes, d’orthophonistes, d’audioprothésistes, mais également une audience générationnelle, avec des internes et des professeurs.
Pourquoi l’audition mérite-t-elle une journée spécifique plus qu’une autre spécialité ?
BF : Toutes les spécialités mériteraient d’avoir leur journée. Mais en effet, il existe plusieurs raisons qui ont permis de l’associer au Congrès de la SFORL. Premièrement, nous souhaitions initier une culture multidisciplinaire. Ensuite, la SFORL est le partenaire privilégié des institutions publiques et de recherche. Elle a la légitimité d’être le chef d’orchestre de cette pluridisciplinarité car elle est également un corrélateur entre la formation, la recherche et les industriels. La SFORL sera l’organisatrice du Congrès mondial de l’audiologie en 2024 avec la SFA. Il est indispensable de commencer à structurer à l’échelle francophone cette multidisciplinarité, pour qu’on puisse l’appliquer au niveau international dans deux ans.
Quels seront les moments forts de cette Journée et quelles seront les évolutions par rapport à l’édition précédente ?
BF : Nous retrouverons des thématiques comme la prise en charge de la presbyacousie précoce, le traitement des acouphènes, les innovations dans la recherche clinique en audiologie. Le Challenge interne ORL et étudiants en audioprothèse sera réitéré. La thématique qui se dégagera le plus sera la recherche translationnelle et le partage des idées entre les chercheurs, les praticiens, les cliniciens et les industriels.
Du côté des changements, nous avons mis en place deux tables rondes qui s’inscrivent dans une volonté de pluridisciplinarité. La première sera animée par le Pr Christophe Vincent et portera sur la réforme du 100 % Santé et les propositions de la filière auditive pour améliorer le parcours de soin du patient et la prise en charge précoce. Je serai le modérateur de la seconde table ronde sur la recherche translationnelle. Ce sera un échange entre deux industriels (Sensorion et Archean) et des chercheurs cliniciens.
Nous avons également doublé le temps consacré au pitch des industriels, qui bénéficiera d’une place centrale dans cette Journée.
Le pitch des industriels est-il un moyen de stimuler l’industrie française en audiologie, qui est en déclin ?
BF : C’est tout à fait ça. L’idée est de présenter, via des start-ups et des entreprises, de véritables innovations qui en sont à l’étape de concept, de manière à les mettre en relation avec des partenaires, des financiers ou des chercheurs en fonction des besoins. Nous voulions créer un terrain d’échanges entre tous ces professionnels du secteur de l’audiologie : chercheurs, cliniciens, industriels, et éventuellement administrateurs qui s’occupent du réglementaire ou du financement.
Nous souhaitons développer en France le pôle innovation de l’audiologie. Nous avons de nombreux cliniciens, chercheurs et produits dans les tiroirs, mais nous devons créer des entrepreneurs et pousser à la réindustrialisation française.
