Accès à l’implant cochléaire et suivi : peut mieux faire. Morceaux choisis

Pour ce nouvel épisode de l’émission Le Débat !, Audiologie Demain et Audition TV ont convié la Dr Isabelle Mosnier, ORL, présidente de la SFA et coordinatrice du centre d'implantation cochléaire de la Pitié-Salpêtrière (Paris), Catherine Daoud, présidente du Centre d'information sur la surdité et l'implant cochléaire (Cisic), Sandrine Cabrol, responsable de l'accès au marché chez Cochlear, et Antoine Bourgeois, audioprothésiste régleur d'implant et trésorier du Géorric, à débattre de la question de l'accès à l'implantation cochléaire et au suivi des patients implantés. Comment améliorer le taux de pénétration de l'implant cochléaire ? Le maillage territorial des centres implanteurs est-il suffisant ? Comment assurer un suivi de qualité des patients implantés ? Autant de questions auxquelles nous répondons avec nos invités.

Cet épisode est sponsorisé par la CDA.

Par la rédaction
debat implant lecture

Dr Isabelle Mosnier, responsable de l’unité fonctionnelle implants auditifs de la Pitié-Salpêtrière et présidente de la SFA

Isabelle Mosnier 2

  • Les jeunes générations, que ce soient les ORL, les audioprothésistes ou les orthophonistes, ont tous une formation sur l'implant cochléaire et tous passent dans un service où ils verront un jour un implant cochléaire. Je suis donc assez confiante à moyen terme. Le problème, ce sont les anciennes générations, parce que l'implant a 30 ans et cela fait seulement 10-15 ans qu'on en met beaucoup. Et c'est vrai que parmi les ORL de villes les plus anciens, tous ne sont pas formés et n'ont pas le bon discours auprès de leurs patients.
  • LA DGOS doit faire un contrôle de la qualité, du suivi et doit aussi contrôler que l'argent qui arrive dans les centres hospitaliers soit bien dédié à l'activité d'implantation.
  • Je pense qu'il vaut mieux faire grossir les centres existants qui ont l'expertise, plutôt que créer de nouveaux centres. Quand on regarde le maillage territorial, il y a quelques zones en France où il n'y a pas de centre mais ce sont aussi des zones de déserts médicaux. Les nouveaux centres qui se sont portés candidats lors de la relabellisation sont tous à côté de centres existants. Ce n'est donc pas une réponse au maillage territorial. Ce n'est pas tellement le débat public-privé. Moi, je prends mon bâton de pèlerin presque tous les ans pour que le centre puisse grossir et répondre au suivi.
  • Même si les choses commencent à bouger, on voit encore aujourd’hui des patients arriver trop tard avec des surdités profondes. Or la durée de surdité profonde bilatérale a un impact sur les résultats.

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Catherine Daoud, présidente du Centre d’information sur la surdité et l’implant cochléaire (Cisic)

Catherine Daoud 4

  • On observe deux types de dynamique : la personne dans un parcours de surdité évolutive, qui va obtenir à un moment donné l'information, soit par un audioprothésiste soit par un ORL, qui va lui dire : « Il va falloir penser à l'implant cochléaire ». Mais il reste l'autre dynamique, à savoir des patients qui ont obtenu l'information après 5, 10, 20, 30, 40 ou même 50 ans de surdité profonde.
  • Les recommandations de la HAS sont vraiment parfaites et c'est vrai qu'au niveau international, on a d'excellentes indications en France. Le cahier des charges des centres est bon. Après c'est une question d’application au quotidien. Et c'est aussi la question de l’obtention des financements adéquats.
  • Concernant l'information du grand public, pour nous, le problème le plus important, ce sont les fausses informations, qui continuent de se diffuser. Ce sont des choses qu'on essaie de rebasculer. Il faut vraiment avoir un discours plus adapté.

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Antoine Bourgeois, audioprothésiste régleur d'implant et trésorier* du Groupe d'étude sur l'optimisation de la rééducation et des réglages de l'implant cochléaire (Géorric)

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  • Aujourd'hui, les écoles d'audioprothèse sont toutes dirigées par des otologistes français qui sont parties prenantes dans les centres d'implantation cochléaire en France. Donc j'ai plutôt bon espoir que la diffusion d'informations au sujet de l'implant se fasse dans les écoles et que les audioprothésistes soient de mieux en mieux formés pour faire face à un patient qui présenterait une surdité sévère évolutive vers une surdité profonde.
  • Je suis recruté sur une vacation d'orthophonie, comme c'est souvent le cas. Il n’y pas de statut officiel de régleur d'implant à l’hôpital. On doit travailler pour faire reconnaitre cette profession qui est importante et fait partie de l'équipe de réhabilitation. Un salarié de l'hôpital qui n'a pas de statut, il a difficilement accès à la formation, à des financements pour participer à des congrès, des ateliers. La Dr Noël-Pétroff a fait une étude en 2019-2020 et ce qui en ressortait, c’est qu’à peu près 70 à 80 % des régleurs d'implants étaient des audioprothésistes, et 30 % d'entre eux exerçaient sans statut et sans rémunération.
  • Pour les personnes qui ont une surdité évolutive, l’audioprothésiste joue effectivement un rôle clé : leur surdité va se dégrader et il faudra un jour les adresser à un ORL, à un centre implanteur pour que cette solution soit explorée. La transition audioprothésiste-ORL existe déjà. Est-ce qu'elle se fait bien ? Peut-être pas toujours et peut-être qu'elle doit être améliorée aujourd'hui.

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Sandrine Bousquet-Cabrol, responsable de l'accès au marché chez Cochlear

Sandrine Cabrol 2

  • L'implant cochléaire, dans les bonnes indications, est efficace. Une personne atteinte de surdité sévère à profonde, si elle est éligible, si elle répond aux critères, doit pouvoir en bénéficier.
  • On a la chance d'avoir en France un système de santé qui permet le remboursement et la prise en charge de l'implant avec des indications assez larges, des organisations d'établissements qui sont déjà financées, des parcours de soins. Là où il y a un travail à mener, c'est pour arriver jusqu'à la porte du centre d'implantation cochléaire. Les living guidelines disent que tout professionnel de santé de proximité doit avoir une connaissance minimale de la perte auditive pour pouvoir poser les premières questions pour un dépistage. Et si le dépistage montre qu'il y a un questionnement, orienter pour avoir un bilan plus complet de l'audition du patient, puis vers le centre expert.
  • L'idée derrière la télésurveillance ou le téléréglage, c'est de pouvoir personnaliser le parcours de soins. Pour un patient qui va bien, estil pertinent qu'il revienne systématiquement chaque année en réglage, à partir du moment où il y a quand même le contrôle du centre référent ? Cochlear s'est penché sur le sujet depuis quelques années. On propose ces options de télésurveillance et de téléréglage. La technologie est au point. On a un recul depuis plus de 5 ans maintenant. Nous essayons de le déployer en France et, d'ailleurs, le gouvernement tend à aller dans ce sens avec le passage dans le droit commun de la télésurveillance. Toutefois, changer les pratiques demande du temps, pour les centres mais également pour les patients. On est en plein dans ce virage. * Antoine Bourgeois a depuis été élu président du Géorric.

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