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Faire en sorte que la société – particulièrement ses sphères de loisirs et professionnelle – soit accessible aux personnes malentendantes met en jeu bien plus que la seule adaptation d’aides auditives ou d’implants cochléaires. Mieux entendre est une première étape. Elle en appelle d’autres, pas toujours évidentes en dépit des lois de 2005 et 2013 portant sur l’accessibilité des établissements recevant du public et ceux de l’enseignement supérieur. « Si ce cadre légal a impulsé des avancées réelles avec un déploiement progressif des aides techniques et des aménagements, une lacune importante existe pour ce qui est de l’information fournie aux patients, qu’elle concerne leurs droits ou les aménagements à leur disposition », a remarqué l’audioprothésiste Jonathan Flament. Une enquête du Centre d’information sur la surdité et l’implant cochléaire (Cisic) de 2020 a par exemple montré que 70 % des personnes malentendantes ne connaissaient pas la prestation de compensation du handicap (PCH) qui permet le recours à une aide humaine pour la communication.
Pour les malentendants, la notion d’accessibilité est largement liée à celle de connectivité et de streaming. L’avènement progressif du protocole universel Bluetooth LE Audio (Auracast) devrait réduire les difficultés de compatibilité en simplifiant un paysage aujourd’hui constitué de nombreux modes de communication – induction magnétique, Bluetooth, ondes radio, etc. – via la technologie Auracast « Pour l’utilisateur, cela constitue une avancée notable avec des connexions plus fiables offrant une meilleure qualité audio, une latence et une consommation d’énergie réduites tout en permettant la diffusion d’une source sonore vers un nombre illimité de récepteurs », a salué l’audioprothésiste Cathy-Anne Guyon.
Sensibilisation des collectifs de travail
Autre aspect de l’accessibilité, les nombreux services et applications d’aide à la communication à même de faciliter la vie en entreprise. Parmi eux, le visio-codage en langue française parlée complétée et le sous-titrage automatique durant des visioconférences, ou encore le recours à un interprète de langue des signes française via son écran de smartphone. « La personnalisation de ces outils est nécessaire en fonction des besoins du patient, de ses modes de communication et du type d’aides ou d’implants qu’il utilise », a rappelé Cathy-Anne Guyon. Des outils qui ne bénéficient malheureusement pas d’une divulgation suffisante. « Constater qu’il n’y a pas que les aides auditives et que des aménagements sont possibles avec des micros déportés ou des couplages avec l’ordinateur est souvent une découverte pour les malentendants », a relaté Denise Attia. Pour cette intervenante spécialisée dans le handicap auditif et l’aménagement des environnements corporatifs, le succès de ces solutions est étroitement lié à la sensibilisation des collectifs de travail pour que tous, dans l’entreprise, soient informés des défis auxquels les malentendants font face au quotidien.
Risque de burn-out
Sans cette information, les malentendants oralisés sont plus à même de souffrir de représentations erronées de la surdité risquant de dégrader leur quotidien dans le cadre professionnel. « Les sourds utilisant la parole rencontrent plus d’obstacles que les sourds signant car la LSF marque clairement la surdité, elle exerce une fascination qui donne envie d’aller vers l’autre et souligne la nécessité d’aménager l’échange », a rapporté la psychologue Christel Carillo. « Les sourds oralisant se voient parfois proposer des tâches inadaptées à leur handicap, ils ont du mal à évaluer et à exprimer leurs difficultés ce qui peut provoquer de la souffrance et des risques accrus de burn-out ». Des problématiques qui gagneraient à être mieux connues des professionnels de l’audition.
