Accessibilité versus pertinence ?

Le 1^er octobre, nous avons assisté à un télescopage de l’information. Ce jour-là, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, était en déplacement dans un centre d’audioprothèse parisien pour dresser le bilan de la réforme du 100 % santé en audiologie. Il y rencontrait Amaury Dutreil, président d’Amplifon France, ainsi qu’une patiente nouvellement appareillée, convaincue de franchir le pas vers la réhabilitation auditive grâce à la promesse du reste à charge zéro. Ce déplacement en terres audiologiques fut l’occasion pour le Ministre de vanter, chiffres à l’appui, les mérites de cette réforme – dont il a confié qu’il était d’ailleurs l’un des instigateurs.

À quelques encâblures, au palais des congrès de la Porte Maillot, une table ronde était programmée le même jour sous les auspices de la Journée de l’audition organisée par la SFORL, sur « le nouveau parcours de soins à l’heure du 100 % santé ». Au cours de cette session, plusieurs éminents professionnels de santé étaient invités à réfléchir, ensemble, à un plan d’action à mettre en place pour que le succès de cette réforme perdure, au-delà des chiffres impressionnants égrenés chaque mois depuis son plein déploiement et qui illustrent sa pertinence.

Car l’enfer est pavé de bonnes intentions... et il serait dommage que ces centaines de milliers d’aides auditives finissent dans des tiroirs, soit parce qu’elles ne conviennent pas à la pathologie de patients qui auraient eu besoin d’appareils de classe II, soit parce que finalement, le bénéfice n’était pas probant. Parmi les axes d’améliorations évoqués lors de cette table ronde, l’identification des professionnels compétents, la bonne adéquation entre leurs effectifs et la demande, la qualité du suivi via la mise à disposition de questionnaires de satisfaction ou d’un compte-rendu standardisé constituent, à n’en pas douter, les nouveaux enjeux des prochains mois, pour que l’impératif d’accessibilité ne se fasse pas au détriment de la pertinence du dispositif.