12 Février 2024

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Acouphènes : un point pour la théorie du gain central

L’une des principales théories concernant le mécanisme des acouphènes est celle d’une hyperactivité au niveau central, dite du gain central. De récents travaux portant sur les synaptopathies cochléaires étayent cette piste.

Par Bruno Scala
(c)Axel Kock_AdobeStock

La synaptopathie cochléaire a été mise en évidence à la fin des années 2000 chez des animaux. Il s’agit peut-être du chaînon manquant pour expliquer le mécanisme des acouphènes et comment le son fantôme est généré. C’est la piste que suit, depuis plusieurs années, l’équipe de Stéphane Maison, récemment nommé directeur de la clinique dédiée aux acouphènes au sein de la Massachussetts Eye and Ear Infirmary. « Pendant des années, l’hypothèse principale était que la perte auditive entraînait une augmentation du gain en compensation, générant l’acouphène, comme dans le cas d’une perception fantôme suite à une amputation, explique l’ORL. Mais cette hypothèse était mise à mal par le fait que certains patients acouphéniques ont des seuils auditifs normaux. » Toutefois, comme « l’audiogramme ne dit rien concernant la perte de certaines fibres du nerf auditif », il se pourrait que ces personnes présentent une atteinte de ces fibres, prémices de la perte auditive.

L’équipe de Stéphane Maison vient d’apporter des données qui plaident en faveur de cette théorie. En étudiant l’audition de 294 personnes ayant un audiogramme normal (y compris dans les hautes fréquences étendues) et réparties en trois groupes (les personnes n’ayant jamais eu d’acouphènes, celles en ayant déjà eu et celles ayant des acouphènes de façon chronique), ces chercheurs ont mis en évidence un lien entre les acouphènes et des signes de dégénérescence neurale cochléaire. « Nous avons montré que les patients acouphéniques, qui avaient tous des seuils auditifs normaux, présentaient non seulement une perte très significative des réponses du nerf auditif, mise en évidence par une plus faible amplitude de l’onde I des PEA, mais aussi des réponses équivalentes aux patients contrôle sur les ondes suivantes, explique Stéphane Maison. Ce qui veut dire qu’avec moins de fibres auditives, les réponses étaient aussi importantes, signe d’une augmentation du gain et d’une hyperactivité du tronc cérébral. »

Dans cette optique, la régénération des fibres endommagées apparaît alors un élément clé pour tenter d’inverser le processus et ainsi atténuer les acouphènes.

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