07 Mars 2022

Amplifon Insight : Comment inciter le patient presbyacousique à entrer dans un parcours de soins ?

Par Amplifon
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L'arrêté du 14 novembre 2018 portant modification des modalités de prise en charge des aides auditives et prestations associées précise les conditions de prise en charge de l’adulte : « Chez l’adulte, la prise en charge d’une aide auditive de conduction aérienne est assurée exclusivement lorsque les conditions suivantes sont réunies : une alternative médicale ou chirurgicale de correction de la surdité est impossible, inefficace ou non souhaitée par le patient ; l’état clinique du patient ne contre-indique pas une adaptation audioprothétique.
Pour tous les patients, le médecin prescripteur doit s’assurer de la motivation du patient ou de ses tuteurs. » La question est de savoir comment s’assurer de la motivation du patient ?

Analyse des besoins et qualification de la gêne

Le premier questionnement concerne les difficultés du patient dans certaines situations sonores : compréhension dans le bruit en discussion avec plusieurs personnes, téléphone et télévision. Quelles sont les situations dans lesquelles vous vous sentez en difficulté ? Comment comprenez-vous les personnes dans un dîner en famille, au restaurant ? Comment cela se passe pour l’écoute de la télévision ? du téléphone ? Qu’est-ce qui vous a fait dire qu’il faudrait consulter ? Comment comprenez-vous une personne quand elle porte le masque ? Pourquoi est-ce important pour vous ?

  • La pertinence de la mesure du niveau de compréhension dans le bruit. Le test de compréhension dans le bruit permet au patient et au praticien de se rejoindre sur une évaluation « écologique » partagée : la corrélation est forte entre résultat du test et auto-évaluation patient.
  • Implication de l’entourage. Si le patient n’a pas de difficultés réelles ou avouées, nous pouvons compléter le questionnement sur la personne à l’origine de la consultation : le patient, son conjoint ou une autre personne de son entourage : Qui est à l’origine de la prise de rendez-vous ? Qu’en dit votre entourage ?
  • Isolement et perte de vie sociale. Les difficultés auditives doivent être complétées par un questionnement spécifique sur le retrait et l’isolement du patient de sa vie sociale, voire la dépression. En effet, ces situations peuvent être le signe d’une perte auditive qui impacte le réseau social : Quelles sont vos activités sociales ? Quelles sont les activités qui sont devenues difficiles à cause de la difficulté de compréhension ? Quelles sont celles que vous évitez maintenant ? Quelles sont celles auxquelles vous avez renoncé à mener à cause de votre audition ? Pourquoi ne faites-vous plus cela ? Quelles sont les causes majeures ? Quelles sont les personnes que vous ne voyez plus ?

Tableau 1

Dans les facteurs de motivation qui influencent le patient dans sa prise en charge, M. Barnett et al. [1] soulignent que le degré de perte auditive, l’auto-efficacité et le soutien familial vont influencer l’appareillage. L’auto-reconnaissance de la perte auditive est aussi un point important. Face à un patient dans le déni qui n’admet aucune difficulté (Les jeunes d’aujourd’hui n’articulent plus. Avec le masque, c’est normal !), la réalisation de tests auditifs et l’explication des résultats par rapport aux difficultés ressenties est l’approche pédagogique qui permet d’accompagner le patient dans la reconnaissance du besoin. Qu’est-ce qu’il faudrait modifier selon vous ? Quelles solutions pouvons-nous envisager ? Que proposez- vous ? Quel serait le risque à ne rien faire du tout ?

Analyse des attentes

Les attentes du patient peuvent être formalisées dans un questionnaire normalisé type COSI. Il permet non seulement de définir des objectifs individuels et aussi de mesurer leur atteinte dans le temps. Qu’attendez- vous de l’appareillage ? Que recherchez-vous à travers l’appareillage ? Quelles sont les situations que vous souhaitez améliorer ? La formulation d’objectif d’appareillage sera reprise avec l’audioprothésiste. Cet échange permet de vérifier dès le début du processus d’appareillage que les attentes ne sont pas irréalistes ce qui peut mener à un obstacle aux soins voire à un échec.

S’assurer de l’adhésion du patient à son parcours de soins

Dans le but d’accompagner le patient dans son parcours de soins, plusieurs questions peuvent lui être posées pour l’aider à passer à l’action : Qu’est-ce que vous voulez faire pour améliorer votre audition ? En quoi est-ce important pour vous de bien entendre ? D’après vous, quels sont les avantages à vous faire appareiller ? D’après vous, quels sont les inconvénients à ne pas entendre ? Que pensez-vous de l’idée d’un appareillage ? Quel audioprothésiste près de chez vous connaissez-vous ? Où habitez-vous ? Quand est-ce que vous pensez pouvoir y aller ? Qui peut vous accompagner ?

D’après les réponses du patient, nous allons repérer les obstacles aux soins qui peuvent être verbalisés : limites financières, stigmatisation des aides auditives, inconvénients et priorisation des autres problèmes médicaux du patient. L’audioprothésiste rassurera le patient sur les aspects financiers, esthétiques et cherchera avec les patients la meilleure solution pour limiter les inconvénients (manipulation de pile…).

Pour aller plus loin, le prescripteur peut prévoir une consultation de suivi, après appareillage. Cette proposition va engager le patient dans l’action : À quel moment pourrons-nous nous revoir ?

Tableau 2

Informations à transmettre à l’audioprothésiste

La prescription comporte plusieurs éléments à l’attention de l’audioprothésiste : audiogramme, antécédents otologiques, état du conduit et du tympan et difficulté potentielle à la prise d’empreinte, troubles cognitifs associés, résultats de questionnaire spécifique (acouphènes, qualité de vie, cognitifs…).

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