04 Juillet 2022

Amplifon Insight. Lire un compte-rendu d’appareillage : existe-t-il un gain minimum acceptable ?

Par Amplifon
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Le compte-rendu d’appareillage reflète la prise en charge du patient lors de son appareillage. Le décret en vigueur précise que ce document doit être établi dans les 7 jours qui suivent la facturation des aides auditives et qu’il doit contenir les informations suivantes : caractéristiques de l'audiométrie de la personne, descriptif de sa motivation, types d'aides auditives préconisées, le nombre d'heures moyen quotidien d'utilisation, des situations et tests particuliers réalisés. Il mentionne aussi que les audiométries de gain* doivent être incluses, à savoir les différences en champ libre avec appareils en tonal et en vocal adaptés à la personne (milieu silencieux et/ou milieu bruyant, type de matériel vocal).

Le gain

La mesure du gain se fait en champ libre, soit dans une cabine audiométrique avec un niveau de bruit de fond contrôlé, à maximum 30 dB (A) et elle est le résultat entre la différence de score d’un patient oreilles nues et oreilles appareillées, testé dans des conditions identiques (même configuration, même disposition, même matériel, même signal, voire même opérateur).

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Concernant le matériel, il s’agit de l’audiomètre et de ses transducteurs de sortie, les haut-parleurs. Concernant, la disposition du patient, elle sera fixe pour chacune des mesures. L’environnement sonore sera par ailleurs contrôlé. Les signaux utilisés pour le test tonal au casque sont souvent des sons purs pulsés. En condition champ libre, nous devrons utiliser des sons wobulés, non pulsés, qui permettent de limiter la création d’ondes stationnaires dans la cabine. Une autre possibilité s’offre avec les signaux narrow band mais ils ne sont pas facilement accessibles dans les audiomètres utilisés en laboratoire d’audioprothèse.

L’évaluation d’un gain tonal est historiquement basée sur la règle du demi-gain, de sorte que l’idéal de l’amplification apporte au moins la moitié du gain de la perte auditive. Cette analyse rapide dépend néanmoins de la qualité de l’appareillage auditif considéré. En effet, le convertisseur analogique-numérique sur certains appareils ne prend pas en compte les signaux de faible intensité. Et cela est d’autant plus remarquable sur certains appareils de classe I.

Dans ces conditions, le gain ne pourra apparaître qu’au niveau limitatif du convertisseur.
Par ailleurs, le signal en sons wobulés, non pulsés peut être considéré comme un bruit parasite par l’appareillage auditif qui va chercher à le réduire afin justement de ne pas être entendu par le patient.
Ainsi le gain prothétique tonal va dépendre de l’appareillage, des limites technologiques et des options de réglages qui ont été activées par l’audioprothésiste.
Un gain prothétique tonal limité peut être la conséquence de tous ces éléments réunis, y compris l’alimentation par des piles neuves et un microphone et un écouteur propre et nettoyé de tout dépôt cérumineux ou épidermique. L’otoscopie préalable reste la règle pour ce type d’audiométrie. Si cette mesure est réglementaire, elle apporte une information limitée pour qualifier la qualité de l’appareillage.

Le gain vocal dans le silence

Les conditions d’audiométrie vocale dans le silence pour le calcul du gain sont identiques aux conditions précédentes ; il s’agit cette fois d’un signal vocal. Celui-ci sera le même en conditions oreilles nues et oreilles appareillées. On sera vigilant cependant de ne pas utiliser les mêmes listes pour éviter de surestimer le gain vocal par un phénomène d’apprentissage.

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Il est important de s’attarder sur deux aspects : l’amélioration du SRT 50 et l’amélioration du 100 % d’intelligibilité.

  1. Si le 100 % est atteint sur un écart au SRT 50 à 15 dB oreilles nues, la variation sur l’axe horizontal à 50 % ou 100 % sera l’indicateur du gain vocal.
  2. Si le 100 % n’est pas atteint oreilles nues, on pourra s’attacher à observer son amélioration sur l’axe vertical.
  3. Si le 100 % est atteint sur un écart au STR 50 au-delà de 15 dB oreilles nues, le redressement de la pente est un indicateur de performance pertinent à observer.

fig 2 3
Ce test est en liminaire. Le SRT 50 d’un normo-entendant se situe à 20 dB. Idéalement, avec appareillage, l’objectif est la perception des voix faibles à 40 dB, des voix moyennes à 60 dB et des voix fortes à 70-75 dB.

Afin de limiter le retentissement social de la surdité, qui est l’objectif premier de l’appareillage, l’atteinte de 100 % d’intelligibilité à voix faible ou moyenne dans les cas les plus importants est l'indice d’une réhabilitation fonctionnelle de l’audition.

Le gain vocal dans le bruit

L’audiométrie vocale dans le bruit est une condition de test supraliminaire, écologique, répondant à l’attente principale des patients appareillés.

Le gain est la différence entre le résultat oreilles nues et oreilles appareillées. Le type de bruit et sa confi guration de diffusion seront identiques dans les deux situations et auront un impact sur le résultat. L’utilisation d‘un bruit stable par exemple montrera un gain supérieur à celui d’un bruit fl uctuant. De même, les différents algorithmes du traitement du signal seront optimisés si le bruit provient de différentes sources plutôt qu’en confi guration parole et bruit sur la même sortie (activation des systèmes directionnels dans les aides auditives). L’optimisation de ce gain nécessite du temps d’adaptation car le patient doit se réapproprier ses repères acoustiques. On peut ajouter que, très souvent, les réglages préférés par le patient ne sont pas ceux qui apportent le plus de performance mais le plus de confort.

Il est admis qu’une amélioration de 2 dB au moins est nécessaire alors que la déviation à la norme de 3 dB permet de caractériser une perte de compréhension dans le bruit. Le gain dans le bruit peut être donné en amélioration au niveau du SIB50, en dB ou en pourcentage d’écart initial par rapport à la norme.

*Le gain apporté dans les appareils auditifs est une mesure objective du bénéfi ce dans une situation de test en cabine audiométrique. Si de nombreux travaux réalisés par le collégium ICRA (International Collegium of Rehabilitative Audiology) ont cherché un temps à défi nir des types de bruit qui ne seraient pas sensibles à tous ces algorithmes de traitement du signal pour réaliser une mesure qui ne dépendent pas de cela, il semble qu’aujourd’hui il soit plus utile de connaitre les différents biais de mesure plutôt que de les contourner.

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