Amplifon Insight. Traumatisme sonore et appareillage

Par ailleurs, le lien entre perte d’audition non traitée et démence étant aujourd’hui scientifiquement démontré, il s’avère primordial de prendre en charge précocement une baisse d’audition, quel que soit le niveau de perte, afin de préserver les facultés cognitives de nos patients.

Des secteurs d’activité à plus haut risque

Certains secteurs d’activité présentent un risque accru de traumatisme sonore et requièrent une vigilance particulière en termes de santé auditive.

Les secteurs les plus impactés sont les industries (minière, du bois, automobile) ainsi que les secteurs de la construction, l'immobilier, l'agriculture, la sylviculture, la pêche et la chasse. Les employés des secteurs des loisirs et de la musique font aussi partie des populations à risque.

Parmi les travailleurs exposés au bruit, environ un tiers présentent des preuves audiométriques de lésions auditives induites par le bruit, et un peu plus de la moitié d'entre eux sont des femmes.

Enjeux prothétiques

Les patients souffrant d’une surdité due au bruit présentent un enjeu prothétique multiple qu’il faudra intégrer afin d’assurer une acceptation des aides auditives et une observance maximale.

Selon le profil des pertes auditives, une amplification sélective des hautes fréquences associée à l’obtention d’un son naturel seront nécessaires à un confort de port indispensable à l’utilisation régulière des prothèses.

L’éventualité de la présence d’acouphènes ou du développement d’une hyperacousie sont également à prendre en considération.

Si le patient appareillé continue à être exposé aux risques sonores, l’appareillage visera également à la protection des bruits environnants, en portant une attention particulière à la compréhension dans le bruit.

Choix prothétique

Si le débat du choix du type d’appareillage ouvert / fermé a eu lieu il y a quelques années [1], aujourd’hui il est considéré que l’appareillage fermé permettra d’assurer plusieurs fonctions :

• (c) amplifon

  La gestion de l’autophonation particulièrement soignée dans la zone fréquentielle des basses fréquences (rouge). Orienter le choix vers un embout suffisamment profond pour éviter les résonances passives de la cavité résiduelle et une aide auditive ayant peu de bruit de fond sur ces fréquences. Le réglage de cette bande fréquentielle assurera une compensation due à la perte d’insertion lié à l’embout sans sur-amplification pour éviter l’autophonation active.
• La gestion de la pente du scotome où il est nécessaire d’amplifier les aiguës avec des différences de gains très importantes entre le 2 000 Hz et le 8 000 Hz (bleu). Cette amplification nécessite un nombre important de canaux et une bande passante élargie pour régler finement les fréquences aiguës en se basant sur une audiométrie en ½ octave.
• La remontée des hautes fréquences (verte) requiert également un nombre suffisant de canaux.
• La protection aux sons forts, gestion des UCL (violet). Le bilan prothétique va permettre d’établir la courbe des UCL de façon très prudente et le choix de la cible devra en tenir compte pour protéger des sons forts.
• Sur toute la plage fréquentielle, la gestion du bruit est clé si le patient travaille dans le bruit. Elle visera l’amélioration de la compréhension de la parole dans le bruit tout en protégeant et filtrant le signal d’entrée des bruits en utilisant des algorithmes de réduction de bruit, la directivité avancée du streaming entre les deux oreilles (systèmes directionnels) et en gérant les gains en stéréo afin de favoriser le démasquage binaural. L’activation de la gestion des bruits et des sons impulsionnels sera prise en compte selon l’environnement et les besoins du patient.

Prévention

Bien que la perte auditive due au bruit soit une forme irréversible de perte auditive, il est possible de la prévenir efficacement. Aussi, alors que l’été fera la part belle aux loisirs sonores, cela sera le meilleur moment pour prodiguer les conseils de protection de l’audition tout particulièrement vers un public plus jeune.

Référence : [1] J. Kießling. Neue Aspekte zur Hörgeräteversorgung bei Lärmschwerhörigkeit. HNO 54, 573–582 (2006).