C’est le test de base en audiologie. L’audiométrie tonale a d’ailleurs longtemps été considérée comme le gold standard. Mais cette hégémonie tend à s’effriter un peu ; elle passe à côté notamment des surdités cachées.
Selon une récente étude menée par une équipe de l’Institut de l’audition [1], en collaboration avec la start-up iAudiogram, cet examen comporte en outre un biais de prédictibilité. « Nous avons voulu savoir dans quelle mesure le fait d’utiliser des stimulus très prévisibles (du fait de leur timing, leur intensité, leur fréquence) peut affecter les résultats de l’audiométrie », détaille Nicolas Wallaert, audioprothésiste et fondateur d’iAudiogram, qui a participé à cette étude. Par exemple, le cobaye peut entendre des stimulus parce que son cerveau les attend (faux-positif) ou bien le gain peut être réhaussé à la fréquence attendue (filtre auditif). La plupart des audioprothésistes ont d’ailleurs leurs astuces pour tenter de déjouer ce phénomène, mais l’étude vaisait à le quantifier.
Pour identifier cela, les participants à l’étude ont réalisé des audiométries très prédictives, soit en temps, soit en fréquence, soit les deux, ou pas prédictives du tout (grâce au logiciel iAudiogram), ou encore telles qu’elles sont pratiquées en clinique. Et les résultats montrent qu’il y a bien une nette différence de seuil entre une audiométrie prédictive et une audiométrie non prédictive, supérieure à 5 dB en moyenne. Ce qui signifie que « l’impact du protocole utilisé est majeur quand on réalise une audiométrie », conclut Nicolas Wallaert.
Cela ne veut pas dire que le test n’est pas bon, mais « il ne faut perdre de vue que c’est une mesure subjective », avertit l’audioprothésiste, avant d’ajouter : « la qualité d’une mesure ne dépend que de sa capacité à donner deux fois le même résultat quand elle est réalisée dans les mêmes conditions ».
De futurs travaux de recherche viseront à identifier les informations que peut apporter la capacité (ou l’incapacité) d’un patient à utiliser cette prédictibilité pour abaisser ses seuils audiométriques.