Audioscope : de l’audio technicien à « l’audio chef d’entreprise »

Chaque année, le cabinet Gallileo Business Consulting publie l’Audioscope, une étude qui prend le pouls de l’activité des audioprothésistes indépendants. Selon Maher Kassab, son fondateur, pour faire face aux changements imposés par le 100 % Santé, l’audioprothésiste doit faire évoluer sa pratique et se muer en chef d’entreprise.

Par Bruno Scala
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Difficile de nier le bénéfice du 100 % Santé sur l’activité des audioprothésistes. Entre 2020 et 2021, le marché a presque doublé en volume. Les chiffres de l’Audioscope, une étude du secteur annuelle réalisée par Gallileo Business Consulting auprès des audioprothésistes indépendants*, montrent que ces professionnels de santé l’ont bien compris. Ils sont 90 % à estimer que la réforme est une opportunité et va permettre de développer les ventes. Maher Kassab, fondateur de Gallileo Business consulting, tempère néanmoins : « Une partie des audios ont vu le marché grossir mais n’étaient pas forcément les mieux placés pour le capter. En outre, cette réforme a entraîné une tension sur les prix, sur la distribution. » Ce qui peut expliquer en partie qu’un audioprothésiste sur dix ne voit pas le 100 % Santé comme une opportunité de développement. « Imaginons un audioprothésiste solo qui, avant même la réforme, avait son carnet de commande plein, à qui les ORL envoyaient des patients, illustre Maher Kassab. Pour lui, le 100 % Santé n’est pas une opportunité. Il doit faire face aujourd’hui à la concurrence, et au questionnement de ses patients qui se demandent pourquoi il y a aujourd’hui des offres gratuites. »

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Comment s’en sortir dans ce paysage métamorphosé par la réforme ? Pour Maher Kassab, « aujourd’hui, on entre dans l’ère de l’audio chef d’entreprise. Elle fait suite à l’ère de l’audio technicien, où il fallait être bon technicien et avoir un bon relationnel pour se développer. Et cela, forcément, en effraie certains. » L’Audioscope montre en effet que 35 % des audioprothésistes interrogés sont « plutôt » ou « très » pessimistes concernant l’avenir de la profession (voir graphe).

L’inquiétude augmente

L’inquiétude vient aussi des chiffres de ventes de l’année 2023. Gallileo Business Consulting a interrogé les audioprothésistes sur les performances de leurs centres. En moyenne, ils sont seulement 38 % à estimer que, par rapport à 2022, leur activité en 2023 aura progressé, contre 61 % l’an dernier. De plus, on observe une baisse de 13 % en volume, et de 9 % en valeur, entre l’année 2022 et l’année 2023 (prévisions). « Le volume diminue parce qu’il y a eu moins de clients, tout simplement, explique Maher Kassab. Il faut dire que le 100 % en a amené tellement. Maintenant, ces personnes sont équipées. Cette analyse est corroborée par les chiffres du Snitem : c’est la classe I qui diminue le plus [-13,4 % pour la classe I contre -7,0 % pour la classe II, sur les neuf premiers mois de l’année, 2022 vs 2023, NDLR]. Et c’est pour cela que la baisse en valeur est moins forte que celle en volume. » Mais ce recul des ventes est multifactoriel selon l’analyste, qui évoque le contexte inflationniste et déplore également la fin de l’autorisation de primo-prescrire des médecins généralistes : « Dans n’importe quel marché médicalisé, si l’accès au prescripteur est difficile, les ventes chutent. Non seulement, les patients mettent plus de temps à aller voir le médecin, mais ce dernier a moins de temps pour discuter avec son patient, faire de l’éducation et de la pédagogie. » Mais Maher Kassab n’est pas pessimiste pour autant : « Je suis très positif concernant ce marché. Sur le temps long, il est extrêmement porteur. Les années 2024 et 2025 vont être des périodes de reprise car les premiers patients appareillés grâce au 100 % Santé vont renouveler leur équipement. » Mais pour cela, l’audioprothésiste doit faire évoluer sa pratique : « L’audio ne peut pas faire tout seul, il lui faut embaucher des assistants et communiquer afin de créer de la demande, parvenir à la faire venir. Alors que jusqu’à aujourd’hui, à part quelques exceptions, les professionnels étaient assez passifs. »

Gallileo a interrogé 290 audioprothésistes (hors groupements succursalistes) : 53 % propriétaires de leur(s) centre(s) et de 47 % salariés responsables du/des centre(s) dans le(s)quel(s) ils travaillent.

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