Audition et cognition : une étude interventionnelle

Seule une étude interventionnelle permettrait de confirmer définitivement que les aides auditives peuvent prévenir le déclin cognitif. Une équipe australienne est sur le point de lancer une telle étude.

Par Bruno Scala
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Selon toute vraisemblance, le lien entre audition et cognition est causal. Pour s’en assurer, une équipe du Ear Science Institute (Australie) est sur le point de lancer une étude interventionnelle randomisée¹. 180 personnes âgées de 70 ou plus vont ainsi être incluses dans cette étude. Une moitié formera le groupe contrôle tandis que l’autre constituera le groupe bénéficiant d’un appareillage auditif. Les capacités cognitives seront mesurées juste avant l’appareillage puis 12 mois après. L’objectif est ainsi de déterminer si la correction de la perte auditive par l’appareillage diminue le déclin cognitif à moyen terme chez des adultes exposés à des risques de démence. L’étude déterminera également si cet appareillage a un impact positif sur la mémoire et les fonctions exécutives, sur la qualité de vie, sur l'anxiété, etc.

L’avis de Xavier Perrot²

La perte auditive est l’un des premiers facteurs de risque évitables de démence, comme l’ont récemment montré les travaux de la Commission Lancet sur la prévention, l'intervention et les soins de la démence. À ce titre, la prise en charge audioprothétique de l’hypoacousie devrait être un objectif prioritaire dans le cadre des politiques de santé publique. Le protocole interventionnel proposé par Jayakody et collaborateurs correspond en fait à une étude de preuve de concept clinique et médicoéconomique sur le bénéfice potentiel de l’appareillage auditif, chez des patients âgés malentendants présentant des troubles cognitifs légers. Cette étude soulève trois questions méthodologiques importantes : (i) Peut-on se passer d’un placebo pour évaluer le bénéfice d’une intervention audioprothétique, sans risquer d’introduire un biais dans la mesure des effets ? (ii) L’exhaustivité des critères de jugement primaire et secondaire ne risque-t-elle pas de remettre en cause la faisabilité de l’étude ? (iii) Les résultats obtenus dans ce groupe expérimental seront-ils extrapolables à une population d’adultes d’âge moyen sans troubles cognitifs, dans une perspective de prévention primaire ? Les solutions proposées par l’équipe australienne, même si elles comportent une part d’incertitude, auront le mérite d’apporter des arguments expérimentaux sur l’intérêt des audioprothèses pour les personnes âgées malentendantes, et par corollaire, sur la relation causale entre surdité et troubles cognitifs.

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