Bourse SFA-Audika : un an après

Lauréat en 2022 de la première bourse master de la SFA, Ugo Benrubi initie actuellement un doctorat en neurosciences à l’Université Libre de Bruxelles, sous la direction d’Axelle Calcus. L’objet de ses recherches : identifier si la puberté influence le développement des voies auditives et l’audition des enfants.

Propos recueillis par Stéphane Davoine
(c)Ivan Haidutski Stocksy AdobeStock

Quels ont été les principaux résultats de votre mémoire de master soutenu en septembre dernier ?

Nous avons travaillé sur la mise au point d’une injection d’aminoglycosides directement au travers de la membrane tympanique chez la souris et montré que celle-ci se révèle prometteuse pour induire une toxicité cochléaire même si elle induit une hypoacousie légère et temporaire, probablement liée au traumatisme de l’injection. Nous avons pu aussi étudier une hypothèse de la mécanistique de cette ototoxicité où une synaptopathie est visible à faible concentration aux ABR et DPAOE et une ciliopathie à plus forte dose. Tous ces résultats doivent encore être confirmés dans une étude à plus grande échelle. J'ai eu l'honneur d'obtenir cette bourse et je suis reconnaissant pour tout le soutien que m’ont apporté Brigitte Malgrange et Valentin Tallandier en m’accueillant au sein du laboratoire de Neurobiologie du Développement du GIGA - Université de Liège, la SFA et Audika. Félicitations aux futurs lauréats, votre avenir s'annonce prometteur.

Qu’est-ce qui a motivé le choix du thème de votre doctorat ?

Historiquement, les études tendent à se concentrer sur les enfants qui souffrent de surdités sévères à profondes, très impactantes dans la vie quotidienne, alors que les pertes d’audition de degrés plus faibles sont beaucoup plus prévalentes. Les enfants avec des pertes légères à moyennes ne sont pas toujours diagnostiqués. C’est donc une population peu étudiée, qui rencontre des difficultés encore mal comprises.

Le choix de ce thème découle d’une observation faite par Axelle Calcus et moi-même : la littérature montre que certaines réponses neurophysiologiques auditives des enfants malentendants sont comparables à celles des enfants normo-entendants jusqu’à 12 ans mais qu’elles déclinent après cet âge. Mon objectif est donc de comprendre la cause de ce déclin et de son timing. Nous pensons que le passage à l’adolescence, marqué par le début de la puberté, pourrait affecter la maturation des voies auditives.

En quoi consiste votre projet de recherche actuel et comment allez-vous procéder ?

Nous allons comparer la morphologie des réponses neurophysiologiques auditives et visuelles à différents stades pubertaires, chez les enfants normo-entendants et chez les enfants malentendants. La littérature suggère que nous pourrions observer une interaction entre le stade pubertaire et le statut auditif des jeunes : certaines réponses neurophysiologiques des adolescents malentendants pubères seraient plus tardives ou moins amples que celles des enfants malentendants prépubères, alors qu’il n’y aurait pas de différence chez les enfants et les adolescents normo-entendants.

Pensez-vous être à même d’obtenir des données pour un suivi longitudinal ?

Mon financement de thèse est prévu pour une durée de quatre ans, et nous estimons que la collecte des données cross-sectionnelles prendra de six à neuf mois. Cela devrait donc nous permettre de disposer du temps nécessaire pour réaliser un suivi longitudinal des participants de nos études.

En quoi votre étude pourrait intéresser la pratique des ORL et des audioprothésistes ?

Actuellement, le suivi des adolescents présentant une perte auditive légère à moyenne représente un défi. Cette compréhension approfondie du lien entre la puberté et le traitement auditif complexe pourrait conduire à des ajustements plus précis dans la gestion clinique.

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