Chant’Apic mêle rééducation orthophonique, musique et culture

Perrine Djob, orthophoniste et chanteuse, nous explique ce qui l’a menée à créer le recueil de comptines illustré Chant’Apic, à destination des enfants malentendants appareillés ou implantés.

Propos recueillis par Bruno Scala
Enfants

Qu’est-ce que Chant’Apic ?

C’est un recueil de comptines à destination des enfants (0-6 ans) malentendants, porteurs d’aides auditives ou d’implants cochléaires, qui sont engagés dans une voie oralisante ou bilingue. Il contient 26 comptines, 14 que j’ai écrites et 12 traditionnelles. Toutes ont été arrangées musicalement afin de convenir aux enfants malentendants.

Un livre avec des illustrations inclusives (tous les enfants portent des implants) est également associé. Toutes les chansons s’accompagnent de conseils orthophoniques, car chacune cible un concept. Il sera associé à un CD des comptines.

Enfin, un site web, chantapic.fr, qui est en fait l’outil principal, regroupe l’ensemble des supports : chansons, illustrations, conseils orthophoniques, etc. Tout est téléchargeable librement et sera disponible à partir du 28 février.

Comment l’idée de créer Chant’Apic vous est-elle venue ?

Il y a environ deux ans, mes collègues m’ont sollicitée, sachant que je suis chanteuse en plus de mon activité d’orthophoniste au sein du service ORL de l’Institut Saint-Pierre de Palavas. Elles m’ont demandé d’enregistrer des comptines simples, qu’on utilise souvent en séance de rééducation orthophonique. J’ai donc commencé à enregistrer quelques chansons sur mon téléphone, puis l’inspiration est venue lors de séances avec des enfants, où je constatais également le manque de matériel pour travailler telle ou telle notion d’éducation auditive ou du langage. J’ai donc composé et écrit d’autres comptines.

Couverture
Le projet répond à un besoin. Il existe beaucoup de projets visuo-gestuels, pour des enfants signants, mais il n’y a pas de support pour les enfants oralisant ou bilingue. Un sondage réalisé auprès des familles de nos patients montre qu’elles utilisent beaucoup de vidéos ou chansons qui imposent une surstimulation sensorielle pour ces patients. C’est contreproductif. Il faut en effet que le débit soit assez faible pour qu’on puisse signer en même temps, il ne doit pas y avoir trop de musique en fond, ni de vidéo. Avec Chant’Apic, les parents vont pouvoir jouer les chansons sur leur téléphone, dans la voiture, très simplement. Et les orthophonistes peuvent aussi les utiliser en séance. Cela permet de développer des notions d’éducation auditive, de communication...

Comment êtes-vous parvenue à un projet abouti ?

Grâce aux dons collectés lors des 24H Saint-Pierre, chaque année, la Fondation Saint-Pierre lance un appel à projets à destination des personnels soignants, sur le thème du handicap de l’enfant. J’ai donc déposé un projet, qui a été sélectionné. Grâce à ce financement, j’ai enregistré les 26 comptines, je les ai illustrées, et fait imprimer le livre à 200 exemplaires – il sera distribué aux familles qui en font la demande. Pas mal de talents cachés de l’Institut, ainsi que des patients, ont également participé au projet.

C’est important d’apporter du beau aux enfants. J’ai l’impression que dans la démarche scientifique, on oublie parfois la dimension artistique et culturelle. C’est par le plaisir et la beauté que l’enfant va avoir envie de développer son audition.

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