Compte rendu audioprothétique : « Stop au bloc secteur ! »

Média par excellence du dialogue entre l’ORL et l’audioprothésiste, le compte rendu peine à s’installer dans les pratiques et, lorsqu’il est utilisé, il l’est sous de multiples avatars rendant difficile sa lecture par les prescripteurs. Le Pr Christophe Vincent, qui a dirigé un groupe de travail de la SFA sur la standardisation de cet outil, lui a également dédié une table ronde lors de la 2e Journée de l’audition, en amont du 128e congrès de la SFORL.

Propos recueillis par Ludivine Aubin-Karpinski

bloc secteur
Vous plaidez depuis de nombreuses années pour la standardisation du compte rendu audioprothétique. Pourquoi est-ce nécessaire ?

Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins entre un parcours de soins qui privilégie la qualité et permet un bénéfice optimal aux patients, et un parcours sans valeur ajoutée humaine évidente et qui ne peut que conduire à un système démédicalisé qui se passe de professionnels. Pour garantir un modèle pertinent, nous devons retrouver la culture de l’évaluation. Il n’est pas question de contrôler ce que font les audioprothésistes mais de disposer d’un outil adapté à notre pratique quotidienne, qui nous permette de nous assurer de la qualité de la prise en charge et du suivi des patients que nous adressons. C’est l’objet du compte rendu audioprothétique, qui offre à la fois aux audioprothésistes le moyen de valoriser leur travail et un support de dialogue très efficace avec les prescripteurs. Mais, pour qu’il y ait dialogue, encore faut-il parler le même langage. Or, il y autant de modèles de comptes rendus que de professionnels ou d’enseignes. Tantôt les résultats sont en SPL, tantôt en HL, les fréquences aiguës sont parfois présentées en bas, d’autres fois en haut… Il est très difficile pour un ORL de s’y retrouver et d’en déduire le bénéfice apporté à son patient. Stop au bloc secteur ! L’Union européenne a imposé le chargeur universel pour tous les appareils électriques nomades ; nous devons nous aussi aboutir à un modèle de compte rendu standardisé, sur le fond et sur la forme.

Lorsque vous étiez président de la SFA, vous avez coordonné un groupe consacré à la normalisation de la présentation des comptes rendus des évaluations audioprothétiques. À quoi a-t-il abouti ?

Le mot clé est standardisation. L’objectif est de proposer aux audioprothésistes un compte rendu type, le même pour tous, qui permette de fournir les principaux éléments concernant l'adaptation prothétique, les réglages et le suivi pour un patient donné. En tant que prescripteurs, nous n’avons pas besoin d’un outil compliqué mais d’informations synthétiques qui nous permettent le bon suivi de nos patients. Il suffit d'une feuille A4 avec un recto standardisé et un verso dédié aux spécificités de chaque audioprothésiste : questionnaire, test spécifique dans le bruit, de localisation… Au recto, outre l’identité du patient, celle du professionnel et de son éventuel réseau et l’anamnèse, les trois données importantes sont les courbes d’efficacité tonale, les courbes d’efficacité vocale dans le silence ou dans le bruit en fonction du patient et le gain acoustique de l’appareil.

Notre marché est l’un des plus importants d’Europe ; nous devons faire pression pour obtenir cet outil essentiel pour un parcours de soins pertinent. Il est temps de dépasser les vœux pieux !

Où en est-on aujourd’hui ?

Nous avons initié une étude pilote dans le Nord avec plusieurs audioprothésistes indépendants, notamment Christian Renard, Sébastien Gény et Paul-Édouard Waterlot. Ils essuient un peu les plâtres. De grandes enseignes comme Amplifon, Audika ou Écouter Voir devraient s’y mettre également même s’il est plus difficile pour de telles structures de l’intégrer dans leurs process.

La principale difficulté vient de l’absence de module d’export dans le logiciel Noah. Pour l’heure, cela demande encore beaucoup de manipulations manuelles. Il faut une volonté commune des enseignes et des industriels pour imposer à l'Himsa le développement de modules standardisés, comme l’ont fait tout récemment nos collègues allemands. Notre marché est l’un des plus importants d’Europe ; nous devons faire pression pour obtenir cet outil essentiel pour un parcours de soins pertinent. Il est temps de dépasser les vœux pieux !

Newsletter

Newsletter

La newsletter Audiologie Demain,

le plus sûr moyen de ne jamais rater les infos essentielles de votre secteur...

Je m'inscris