Samedi 14, le Premier ministre a annoncé la fermeture de « tous les lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays », indiquant que « tous les services essentiels à la vie de nos concitoyens resteront évidemment ouverts ». La Direction générale de la santé (DGS) recommandait en même temps « à certains professionnels de santé – pédicures-podologues, orthophonistes, orthoptistes, audioprothésistes, masseurs-kinésithérapeutes – » de « reporter les soins non-urgents pour les patients les plus fragiles, et notamment les plus de 70 ans ». Des consignes qui venaient confirmer celles adressées directement par le cabinet du ministre de la Santé au président de l’Unsaf vendredi soir, considérant les audioprothésistes comme des « services essentiels », n’ayant pas « obligation de fermer », comme c’est le cas en Italie où les centres d’audioprothèse restent ouverts au public.
Néanmoins, prenant acte de l’amplification de la crise sanitaire et après concertation avec le Synea et le Synam, l’Unsaf diffusait dimanche 15 mars, un communiqué appelant « à la responsabilité des audioprothésistes » et à « privilégier la fermeture pour la prochaine semaine » . « Nous avons pris acte de l’appel au confinement des plus de 70 ans, qui représentent 70 % de notre patientèle, commente Luis Godinho. D’évidence la propagation de l’épidémie s’est aggravée et la priorité absolue doit être accordée dans nos centres à la protection de nos patients et de nos collaborateurs. »
Dimanche après-midi, la direction de la Sécurité sociale adressait un message aux syndicats d’optique, relayé ensuite sur les réseaux sociaux, stipulant que les centres d’optique, comme d’audioprothèse, ne figuraient pas dans le champ des magasins devant fermer en application des consignes du Premier ministre du 14 mars et recommandait de mettre en pratique les gestes barrière et actions visant à protéger les publics vulnérables. « Ce message semblait venir contredire en partie les consignes de la DGS, explique Luis Godinho. Les centres d’optique et d’audioprothèse étaient associés alors que leurs patientèles sont très différentes en termes d'âges. Les dépenses en audio sont majoritairement concentrées sur les personnes de plus de 70 ans, alors qu'en optique elles concernent surtout les 40-65 ans. La population considérée comme la plus vulnérable représente 7 patients sur 10 pour les audioprothésistes, contre 1 sur 10 pour les opticiens. Nous ne pouvons pas prendre la responsabilité d’assurer une ouverture au public en dehors des urgences (surdités profondes et sévère, pannes), au risque de mettre en danger notre patientèle et nos collaborateurs, a fortiori sans masques, ni gants, ni gel hydroalcoolique. » Ainsi, d’un commun accord, l’Unsaf, le Synea et le Synam ont contacté le ministère de la Santé pour obtenir des consignes claires concernant les centres d’audioprothèse et rappeler les spécificités de la profession. Un message, sans réponse pour le moment. Luis Godinho a quant à lui affiché sur la vitrine de son centre un message annonçant l’annulation de tous les rendez-vous non-urgents.
La situation évoluant d’un jour à l’autre, nous vous tiendrons informés au fur et à mesure.
