Covid, écoles vides

Le confinement a duré plus de deux mois, pendant lesquels les étudiants n’ont pas pu se rendre dans leur école ou lieu de stage. De nouvelles méthodes pédagogiques ont dû être imaginées. Elles devraient s’inscrire durablement dans l’enseignement en audioprothèse.

Par Bruno Scala
salle vide classe

Du 17 mars au 2 juin, tout s’est figé. Les enseignements ont subi de plein fouet le confinement : cours annulés, stages interrompus, examens réinventés… Comme le résume la Pr Parietti-Winkler, responsable des enseignements d’audioprothèse et d’orthophonie à Nancy : « Malgré le confinement, les équipes pédagogiques ont eu pour objectif le maintien de la qualité de la formation, en particulier pour les stages dont l’importance est capitale dans les formations professionnalisantes comme l’audioprothèse ou l’orthophonie ». Les équipes pédagogiques ont dû faire preuve d'imagination et de flexibilité afin que les étudiants soient le moins pénalisés possible, tout en conservant la qualité de l'enseignement.

Stages interrompus

La continuité pédagogique théorique était sans doute la plus facile à mettre en place, grâce aux outils de visioconférence. Mais, à cette époque de l’année, nombreux sont les étudiants qui ont terminé leur apprentissage théorique et qui se perfectionnent sur leur lieu de stage. C’est par exemple le cas à l’école de Montpellier où les étudiants des trois promotions étaient en stage. « Le 18 mars, 157 stages ont ainsi été interrompus, rapporte Jérôme Bourien, responsable pédagogique dans l’école héraultaise. Nous avons donc choisi de transformer l’unité d’enseignement stage en webinaires, délivrés par des audios et avec une finalité très pratique. Les étudiants étaient ainsi convoqués pour se connecter, soit par promotion entière, soit par groupe d’une dizaine. Grâce à des sessions de QCM, nous avons pu délivrer une note pour cette unité d’enseignement. » Une option qui n’aurait pas pu être envisagée sans la collaboration de nombreux audioprothésistes. « 70 audios ont accepté de participer à cette solution pédagogique. Cet élan de solidarité m’a touché », témoigne le chercheur.

À Toulouse, l’équipe pédagogique a opté pour une solution différente : « Pour des raisons administratives, un étudiant ayant un stage invalidé ne peut pas se présenter aux examens de fin d’année. Nous avons donc validé tous les stages, interrompus ou non réalisés, mais les étudiants devront suivre des “remises à niveau” l’an prochain, sous la forme de demi-journées, journées ou petites semaines de stage “accéléré”, chez un audioprothésiste ou en milieu hospitalier – dans mon service notamment », détaille le Pr Mathieu Marx, ORL au CHU Toulouse-Purpan et co-directeur de l’enseignement de l’école occitane. Si aucun rattrapage ne sera obligatoire pour les étudiants montpelliérains, l’équipe pédagogique les incite toutefois à effectuer des stages durant l’été.

Les équipes pédagogiques nancéiennes ont, elles aussi, suivi un protocole différent : «Nous avons eu des directives dans le sens d’un maintien du calendrier (pas de débordement du calendrier 2019-2020 sur 2020-2021), rapporte la Pr Parietti-Winkler. Il y a eu des adaptations mais toutes ont été dictées par la maintien de la qualité de la formation. Par exemple, en audioprothèse, le stage ORL de 10 semaines, qui n’a pas pu être fait, est considéré comme indispensable pour l’acquisition des compétences. Il a donc été maintenu, mais réduit à 6 semaines minimum, et fait pendant l’été, ce qui a été autorisé sur dérogation par l’université et avec l’accord des différents maîtres de stage. En orthophonie, tout a été étudié au cas par cas car chaque étudiant a un parcours individuel de stage. »

Examens inédits

Il a fallu également improviser pour les examens : « Nous avons conservé quasiment à l’identique les modalités de contrôle des connaissances, mais à distance, détaille le Pr Marx : les sujets étaient envoyés par mail aux étudiants qui devaient rendre leur copie dans un temps restreint, explique l’ORL. La limite de ce système, c’est qu’on ne peut pas contrôler ce que fait l’étudiant, à quelles ressources il a accès… Pour minimiser ce biais, nous avons choisi des sujets qui ne contrôlent pas les connaissances théoriques, mais qui sollicitent davantage l’aspect pratique, le raisonnement, la démarche intellectuelle, avec des cas cliniques notamment. Globalement, cela s’est bien passé. »

Les écoles sont désormais préparées, en cas de reconfinement, de maintien ou de renforcement des mesures de sécurité sanitaire. Mais même si la situation évolue favorablement, ces nouvelles méthodes seront vraisemblablement conservées. Ainsi, l’école toulousaine proposera des cours à distance, quoi qu’il arrive. De même, pour Jérôme Bourien, l’impact de cette crise sera durable : « Ce confinement a permis de consolider notre réseau, de mettre en place des supports en ligne, les étudiants se sont habitués à ces nouvelles méthodes qui sont intéressantes à bien des égards, comme pour résoudre les problèmes de distance géographique (l’école montpelliéraine est celle qui accueille le plus d’étudiants venus de loin). C’est également un argument supplémentaire pour la formation en alternance, que nous sommes les seuls à proposer. »

Parcoursup pour tous

Enfin, la crise sanitaire affecte le processus d’admission pour la prochaine rentrée étudiante : aucun examen, écrit ou oral, ne sera autorisé et toutes les écoles seront logées à la même enseigne, à savoir Parcoursup. Initialement, seules les écoles de Montpellier, Nancy, Bordeaux, Fougères et Lyon avaient prévu de suivre cette voie, tandis que l’école de Toulouse prévoyait un protocole à part, celle de Lille un examen oral et celle d’Évreux, un concours écrit, suivi d’un examen oral. Mais le Covid-19 en a décidé autrement. Même régime pour les aspirants orthophonistes.

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