L’OMS a profité de la Journée mondiale de l’audition le 3 mars pour publier son premier rapport mondial sur l’audition. Elle y définit notamment un cadre d’actions pour parvenir à une amélioration de l’accès aux soins auditifs. Et d’ailleurs, cette année, la Journée mondiale de l’audition a pour thématique la santé auditive pour tous (hearing care for all).
On s’imagine généralement que les actions entreprises par l’OMS concernent essentiellement les pays à faible revenu, qui ont besoin de l’aide logistique de l’Organisation pour appliquer des politiques de santé publique. Néanmoins, l’accès aux soins auditifs est une thématique qui résonne également dans les pays à haut revenu, et en particulier en France en ce moment.
C’est en effet cette année qu’entre pleinement en vigueur la réforme du 100 % Santé qui offre aux assurés français la possibilité de s’équiper sans reste à charge. C’est une très bonne réforme – on ne manquera pas de nous le rappeler à quelques mois des présidentielles. Toutefois, si l’on regarde un peu dans le rétro, on se rend compte que l’OMS demande aux États membres que ce type d’action – un accès à des aides auditives sans reste à charge – soit mis en place depuis... 1995. La France n’est du reste pas l’unique mauvais élève…
L’accès à des aides auditives sans reste à charge n’est pas le seul engagement de la France. Ainsi, cette résolution de 1995 exhortait les États membres à mettre en place des systèmes de dépistage de la surdité à la naissance et pour les seniors. Si la France est entrée dans le rang concernant le dépistage néonatal – mais en 2014 seulement, soit une décennie après les demandes de l’OMS – aucun système de repérage ou de dépistage des seniors n’est effectif aujourd’hui. Certes, il y a des pistes, et les liens récemment révélés entre audition et cognition incitent les pouvoirs publics à s’emparer du sujet. Mais lorsqu’on voit que le projet de loi Grand âge (ou autonomie) a encore été repoussé, si ce n’est aux calendes grecques, à tout le moins au prochain quinquennat, on se dit qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres…