Une communauté d’entraide optimisée avec Siopi
Hétérogènes et encore mal caractérisés, les acouphènes exposent les patients au risque d’errance médicale et d’échanges peu pertinents sur les réseaux sociaux. Afin de limiter ces difficultés, l’application française Siopi, lancée en 2021, propose un espace d’entraide où les utilisateurs sont regroupés selon le profil de leur acouphène.
À l’inscription, le patient remplit les questionnaires standardisés classiques – THI, ESIT-SQ, ISI – et d’anamnèse. L’algorithme calcule ensuite un degré de similarité avec les autres utilisateurs afin de le mettre en relation avec des profils similaires et favoriser ainsi des échanges pertinents sur sa qualité de vie, sa prise en charge ou son parcours thérapeutique. Près de 4 750 personnes composent aujourd’hui cette communauté (dont 3 500 francophones) et près de 4 250 témoignages ont été recueillis sur les 110 thérapies cataloguées.
Côté recherche, Siopi offre une base de données précieuse pour la réalisation d’études épidémiologiques. « Nous avons développé tout ce qu’il faut pour collecter les données de manière longitudinale pour accompagner les protocoles et respecter les contraintes réglementaires associées », précise le cofondateur de Siopi Robin Guillard. L’appli permet en outre d’accélérer le recrutement des patients dans les études cliniques. Deux sont en cours : l’étude EPPECAe, dont l’objectif est d’évaluer l’impact des acouphènes en milieu professionnel, et Phonacou, une étude randomisée contre placebo, encadrée dans le CHU Orléans. « Quatre questionnaires sont à remplir. N’hésitez pas à en parler à vos patients ! », encourage Robin Guillard.
Lauréate du prix innovation médicale de la SFORL en 2021, l’appli devrait prochainement s’exporter à l’international.
▶️ siopi.ai
Gérer ses acouphènes en dix minutes par jour, avec OTO
Développée par deux anciens médecins militaires souffrant d’acouphènes, « l’application OTO propose un programme personnalisé d’exercices pour réduire sa perception de l’acouphène ». Sur 12 semaines, le patient est invité à réaliser 5 à 10 minutes d’exercices, une à deux fois par jour, afin de favoriser son habituation à la présence de l’acouphène. Les parcours proposés s’adaptent à la situation du patient, évaluée initialement par un questionnaire. Ils s’appuient sur les techniques de thérapie cognitivo-comportementale, combinées à la thérapie sonore et proposent des modules spécifiques (sommeil, concentration, stress, thérapies physiques, thérapies sonores).
Validée par l’étude randomisée DEFINE menée sur 210 patients, la thérapie numérique n’a pas présenté d’infériorité clinique après six mois par rapport au groupe contrôle ayant été suivi en plus par un psychothérapeute.
Déjà téléchargée plus de 200 000 fois dans le monde, l’application OTO est disponible en France, en version bêta. Elle est accessible sans frais sur prescription médicale.
▶️ joinoto.com
MindEar : une boîte à outils personnalisable
Souvent associé au stress, à l’anxiété ou à des troubles du sommeil et de la concentration, l’acouphène nécessite une prise en charge multidimensionnelle. C’est l’approche proposée par MindEar, une application conçue comme une « boîte à outils » personnalisable combinant thérapie sonore, exercices de relaxation, de pleine conscience et thérapie cognitivo-comportementale. L’objectif : aider le patient à évoluer afin qu’il ne se sente plus gêné, voire oublie ses acouphènes. L’interaction avec un chatbot permet de dresser le profil psychologique, audiologique et somatique du patient, à partir duquel un programme personnalisé est généré. Des webinaires et masterclass, avec des spécialistes des troubles de l’audition associées, telle l’hyperacousie ou la misophonie, sont également proposés.
Une étude néo-zélandaise réalisée auprès de 28 patients a comparé l’effet de l’utilisation de l’appli seule et de sa combinaison à l’intervention d’un psychologue en ligne. Les résultats indiquent que le TFI a diminué significativement au fil du temps dans les deux groupes, avec une tendance à une amélioration plus marquée dans le groupe ayant bénéficié des séances de psychothérapie en ligne. Après 8 semaines, 64 % des patients ayant bénéficié de la psychothérapie ont enregistré une amélioration significative contre 42 % pour l’app seule. Mais après 16 semaines, 64 % des deux groupes atteignent cet objectif. En outre, les scores d’anxiété (GAD-7) et de dépression (PHQ-9) se sont améliorés, mais pas le HQ (hyperacousie). Ces résultats suggèrent que les exercices de TCC en ligne sont efficaces pour réduire le stress lié aux acouphènes, ainsi que les niveaux d’anxiété et de dépression.
Téléchargée 100 000 fois, l’appli, déjà déployée en Australie, Nouvelle Zélande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, est en cours de développement en français. Elle devrait être disponible en France début 2026.
▶️ mindear.com
SoundRelax : cohérence cardiaque guidée par le son
L’appli SoundRelax, développée par l'équipe du Dr Arnaud Noreña, directeur de recherche au CNRS et à l'Université d'Aix-Marseille, combine des exercices de cohérence cardiaque – c’est-à-dire des exercices de mise en résonance des rythmes cardio-respiratoires à des fins de relaxation – et de thérapie sonore. Son originalité est d’utiliser une modulation de la stimulation sonore comme guide pour la thérapie respiratoire, remplaçant ainsi le guide visuel classique. Le patient est incité à réaliser six respirations complètes en une minute : une inspiration de 4,5 secondes durant lesquelles l’intensité sonore augmente progressivement, avant de diminuer sur 5,5 secondes, le temps de l’expiration. « Pour s’endormir, le guide visuel classique n’était pas adéquat, tandis qu’un guide auditif permet de fermer les yeux », a souligné le Pr Philippe Fournier, chercheur principal responsable d’une étude menée sur les vétérans canadiens.
Testée pendant un mois sur une trentaine d’entre eux, la thérapie a permis d’améliorer les conditions chroniques pour la majorité d’entre eux, avec des effets positifs significatifs sur les acouphènes, la douleur chronique et le PTSD. Des entretiens semi-directifs, dirigés par le Pr Nicolas Dauman, collaborateur au projet, ont révélé que la méthode semble plus efficace chez les patients disposant d’un imaginaire développé et d’une sensibilité fine à leurs émotions.