Des plantes pas si dures de la feuille

La méthode consistant à passer de la musique classique aux plantes vertes pour les aider à pousser ne fait plus florès. Néanmoins, de nombreuses études scientifiques suggèrent aujourd’hui que les plantes, loin de végéter dans leurs pots, se montreraient plus volubiles qu’on ne le pense, capables de communiquer entre elles et d’« entendre » les sons.

Par Ludivine Aubin-Karpinski
L intelligence des plantes qui communiquent entre elles

Ces dernières années, les ouvrages de vulgarisation scientifique prolifèrent sur l’intelligence ou la vie secrète des végétaux. De tout temps, l’homme a prêté aux animaux et aux végétaux des attributs anthropomorphiques, cédant à la tentation d’expliquer les mécanismes à l’oeuvre dans les autres espèces à son aune. Une propension liée également à la difficulté de comprendre des comportements d’organismes si différents du nôtre. Toutefois, la communauté scientifique, si elle a pendant longtemps décrié le concept de communication végétale, tend à s’accorder aujourd’hui sur le fait que les plantes peuvent communiquer voire « entendre ». Il a en effet été démontré qu’elles seraient capables de communiquer entre elles par le biais de réseaux racinaires ou mycéniens (wood-wide-web), ou par l’émission de composés organiques volatils, leur permettant par exemple de mettre en place des stratégies de défense face à l’agression de certains animaux ou, au contraire, d’attraction à l’approche d’insectes pollinisateurs.

“Entendre”, une aptitude indispensable à la survie

En effet, certaines fleurs pourraient ressentir les bruits d’insectes pollinisateurs et réagir en adaptant leur nectar pour le rendre plus attractif. Un avantage évolutif certain qui leur permet de maximiser leurs chances de pollinisation. Le son étant un déplacement d’air, les pétales serviraient de détecteurs de vibrations. L’équipe de L. Hadany et Y. Yovel de l’université de tel-Aviv a ainsi démontré en 2019 que les plantes pouvaient capter les vibrations provoquées par le bourdonnement d’une abeille1. Lors des tests en laboratoire, les chercheurs ont exposé des primevères à différents sons : l’enregistrement d’abeilles et des sons générés par un ordinateur à basses, moyennes et hautes fréquences. Dans les trois minutes suivant l’exposition aux enregistrements des abeilles et aux basses fréquences, la concentration de sucre dans le nectar des fleurs augmente. Ainsi, la plante peut ne déployer son énergie pour modifier son nectar qu’à bon escient, à l’approche de la butineuse.

Le son, indicateur d’une menace

À la différence des animaux, les plantes ne peuvent pas se déplacer du poste où elles sont nées et doivent donc s’adapter et développer des stratégies de défense individuelles et collectives autres que la fuite. Ainsi, Monica Gagliano de l’université de Sydney, pionnière de la bioacoustique, a mis en évidence que la présence du fenouil avait une influence significative sur la germination des graines de piment, même lorsque toutes les sources connues de signaux de communication étaient bloquées. Dans la conclusion de l’étude publiée en 2012, les chercheurs émettent l’hypothèse du son. Des chercheurs de l’université du Missouri-Columbia ont par ailleurs démontré en 2014 que des plantes du genre Arabidopsis (apparenté au chou) produisaient une substance chimique répulsive à l’écoute d’un enregistrement de chenilles croquant leurs feuilles. L’audition n’est pas l’apanage de l’oreille seule. Finalement, je vais continuer à parler à mon ficus…

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