Des radars sonores pour mettre les motos en sourdine

Véritable danger pour l’audition, les nuisances sonores urbaines telles que le bruit des deux-roues impactent fortement les capacités auditives. Capteur sonore comme la Méduse, ou radar acoustique pénalisant, des solutions commencent à voir le jour.

Par Laura Huynh Quang
meduse avec moto credits Bruitparif

Moteurs de véhicules, passages d’avions, de trains... Les nuisances sonores font partie du quotidien de la plupart des Français. Et deviennent un danger pour l’audition. En effet, selon une étude de l’IGBE (Institut bruxellois pour la gestion de l’environnement), dans les pays industrialisés, les capacités auditives diminuent plus rapidement. Parmi les causes : les multiples agressions sonores liées à nos modes de vie, dont les bruits courts mais très intenses tels que ceux générés par la circulation routière ou aérienne, les chantiers de travaux, etc.

Une santé auditive mise à mal par le bruit

En effet, être exposé à des bruits intenses provoque des acouphènes et une baisse de l’acuité auditive1 . Une exposition prolongée à ces types de bruits ne permet pas à l’audition de récupérer cette fatigue auditive et, au contraire, détruirait peu à peu les cellules ciliées de l’oreille interne, entraînant des dégâts auditifs irréversibles. De plus, ces nuisances sonores, trop fréquemment répétées, peuvent générer stress, troubles du sommeil, digestifs, cardio-vasculaires, psychologiques2.

C’est plus particulièrement le bruit des deux-roues motorisés qui dérange. Pour 35 % des Franciliens, la moto est le véhicule qui produit le bruit le plus gênant3. 87 % seraient favorables à un renforcement des contrôles et des sanctions à l’encontre des deux-roues trop bruyants.

La Méduse, premier capteur acoustique environnemental

Pour répondre à cette problématique, Bruitparif, observatoire du bruit en Île-de-France, a mis en place la Méduse (photo ci-dessus). Ce capteur acoustique a été développé à l’origine afin de mesurer le bruit des avions à proximité des aéroports, puis des festivités dans Paris, et des chantiers du Grand Paris Express. Désormais, il est utilisé afin de mesurer le bruit provoqué par le passage d’un motard. La Méduse est composée d’une antenne acoustique de quatre microphones qui permet de détecter les décalages temporels lors de l’arrivée du son et ainsi reconstituer plusieurs fois par seconde la direction du bruit dominant. Il est alors possible de déterminer un niveau de bruit à une direction particulière dans l’espace. À l’initiative de Jean-Noël Barrot, député des Yvelines (78), et de Bruitparif, la première Méduse a été installée en juillet 2018 sur la route des 17 tournants dans la Vallée de Chevreuse (78), parcours très prisé des amateurs de motos. Selon Bruitparif, 450 passages de fortes nuisances sonores de deux-roues ont été enregistrés par ce capteur en une journée en 2018. On compte désormais cinq capteurs acoustiques environnementaux déployés dans l’Île-de-France, dont deux dans Paris intra-muros. Bruitparif espère procéder prochainement à l’installation de panneaux pédagogiques, indiquant lors du passage d’un motard le niveau de bruit émis.

Les excès de décibels pénalisés ?

Laurianne Rossi, députée LREM et présidente du CNB (Conseil national du bruit), a co-déposé plusieurs amendements dans le cadre de la loi d’Orientation des mobilités4, dont certains, concernant le bruit des transports ont été adoptés. Ce sont ces amendements qui ont introduit l’expression « pollution sonore » dans la loi. Elle développe : « Mon but est de lutter contre le bruit à la source. Pour cela, il faut revoir les homologations des pots d’échappement avec les fabricants, sanctionner les modifications apportées aux motos et enfin mettre en place des radars acoustiques. Comme pour l’excès de vitesse qui est sanctionné, l’excès de bruit le sera aussi. »

L’expérimentation d’un radar acoustique a bien été votée, mais il est différent de la Méduse qui, lui, est un capteur indiquant le volume sonore. Le radar acoustique fonctionnera sur la même base qu’un radar de vitesse. Il sera positionné sur le bas-côté et prendra des photos qui permettront de sanctionner les véhicules dépassant la limite de décibels autorisée.

Le radar acoustique est testé sur piste d’essai à Nantes, en collaboration avec l’université Gustave-Eiffel. Les tests devraient se terminer à la fin du premier trimestre 2021. Si l’expérimentation est concluante, Laurianne Rossi espère pouvoir implanter des radars acoustiques sur route d’ici mi-2021. « Mais pour cela, on veut que ce système soit complètement fiable », rappelle-t-elle. Il sera ensuite mis en circulation au sein d’une dizaine de collectivités volontaires, dans des zones « à risque ». De quoi soulager les oreilles des riverains !

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