Tout commence il y a 6 mois par un appel d’Odile Petit, l’une des trois fondatrices d’AuditionSolidarité. Et, me voilà embarquée deux des quatre jours qu’a duré la 28e mission parisienne de l’association, du 11 au 14 mars 2025. Objectif : appareiller gratuitement des patients en situation de précarité et assurer un suivi, essentiel à leur quotidien.
Ne plus entendre, quand on manque de tout, ajoute un poids supplémentaire aux difficultés du quotidien. C’est pour venir en aide aux personnes souffrant de troubles de l’audition mais ne bénéficiant d’aucune couverture sociale ou uniquement de l’Aide médicale d’État qu’AuditionSolidarité se rend deux fois par an, à Paris et à Marseille, avec une équipe constituée d’ORL, d’audioprothésistes, et d’orthophonistes, tous mécènes de l’association.
Un suivi tous les six mois
L’équipe 2 de la mission parisienne : (de gauche à droite et de haut en bas) Ludivine Aubin-Karpinski, Carole Ercole (co-fondatrice d’AuditionSolidarité), Alice Caumont (chargée de projet d’AuditionSolidarité).
Grégory Anfray (audio), Olivier Akerib (audio), Lucile Faivre – alias Kikibis – (audio), Margarita Vareli (ORL), Sarah Quenouillère (audio) et Elisabeth Sanson (audio).
Cléophée Durand (étudiante audio), Victor Gillard-Chevallier (audio), Marine Coustet (audio) et Avy Knafo (audio). Sans oublier, Adrien Fagault-Martial (chargé de communication AuditionSolidarité), le photographe.
(c) AuditionSolidarite
La 28e édition parisienne s’est tenue du 11 au 14 mars – les deux premiers jours à l’hôpital Rothschild pour accueillir les primo-appareillages, puis à la paroisse Saint-Marcel pour recevoir les patients suivis depuis plusieurs années, prévenus de la tenue de cette mission quelques jours auparavant par sms. « Il est essentiel pour nous de mener ces missions dans le temps, sans rupture, pour garantir un suivi pérenne aux bénéficiaires », explique Carole Ercole, co-fondatrice d’AuditionSolidarité.
Bilan ORL, audiométrie, fabrication d’embouts, réglages, adaptation... les bénévoles d’AuditionSolidarité ont, durant ces quatre jours, reçu 192 patients et adapté 136 aides auditives recyclées par l’association.
Un combat contre l’exclusion
Elisabeth Sanson
(c) AuditionSolidarite
La précarité et la surdité forment un cercle vicieux. Sans aide auditive, il est difficile de trouver ou conserver un emploi, d’accéder aux soins, de maintenir un lien social. La moyenne d’âge des bénéficiaires des missions françaises d’AuditionSolidarité est jeune – 45 ans. Les causes des surdités rencontrées sont diverses : traumatismes sonores, effets secondaires de traitements médicaux, violences domestiques…
Depuis le Covid, la demande ne cesse d’augmenter – de 100 bénéficiaires avant 2021, la mission est passée à 140 en 2022 et à 192 en 2025 : le signe d’une précarité croissante mais aussi d’une meilleure connaissance du dispositif.
Des parcours et des vies
Sarah Quenouillère
(c) AuditionSolidarite
Certains viennent pour la première fois, orientés par des assistantes sociales ou guidés par le bouche-à-oreille ; d’autres sont suivis depuis plusieurs années. L’un d’eux, Hichem, 64 ans, ingénieur tunisien, a tout perdu après la révolution de 2011. Attendant en vain la reprise, il s’est endetté jusqu’au point de non-retour. Malade, il a fini par tout perdre et quitte le pays et sa famille pour échapper à la prison. En France depuis 2019, il survit grâce à l’hébergement d’urgence du 115 et enchaine les petits boulots. Il est appareillé depuis quelques années, mais ses aides auditives lui ont été volées. « Sans entendre, je ne peux pas travailler », souffle-t-il.
Une autre fidèle de la mission a apporté des samossas pour les bénévoles et joue les nounous improvisées le temps que ses embouts soient prêts. La solidarité à l’œuvre...
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