Faire de l’audition un déterminant de santé

Nous démarrons une nouvelle décennie avec l’espoir de placer l’audition au sein de la politique de santé publique.

Par le Pr Jean-Luc Puel, président de la JNA
Jean LucPuel

Aujourd’hui, une prise de conscience est en train d’émerger et l’association JNA, dont les campagnes de prévention fédèrent chaque année depuis 23 ans plus de 2 500 acteurs, compte bien amplifier ce phénomène. Par nos actions et nos plaidoyers, nous souhaitons influencer les décideurs politiques afin de positionner l’audition parmi les déterminants de santé, au même titre que le tabagisme ou l’obésité. En effet, les avancées des connaissances montrent l’importance de l’audition sur l’équilibre général de santé. La moindre lésion de l’oreille entraîne des troubles de la communication altérant par contrecoup les relations sociales, les fonctions cognitives et la santé en général.

C’est une nouvelle vision stratégique de santé publique que nous invitons à mettre en place pour assurer à nos concitoyens une prise en charge de leur audition et de leur santé en général. Seul un engagement politique fort permettra de dépasser les résistances au changement dont souffre encore l’audition du fait d’une vision politique essentiellement « curative ». malheureusement, il n’existe pas de traitement efficace des problèmes auditifs, et il est préférable de prévenir que de guérir.

Pour amorcer cette démarche préventive, nous devons revisiter l’ensemble du parcours de santé et instituer une surveillance généralisée et systématique de l’audition. C’est à ce prix que nous pourrons créer un réel effet cliquet en positionnant l’audition comme véritable « biomarqueur » de santé dès l’entrée du parcours de santé. Une telle vigilance sanitaire permettra de poser le caractère « obligatoire » du questionnement systématique des gênes et des troubles de l’audition pour assurer une vie sociale en bonne santé tout au long de la vie. Cette démarche préventive permettra d’augmenter le niveau général de santé auditive de la population.

Cet enjeu de santé majeur impose de relever plusieurs défis :

  • Organiser le parcours de santé dans un contexte de désertification et de raréfaction des médecins généralistes et spécialistes. Le développement des technologies appliquées à la « e-santé » ne pourra, à lui seul, compenser cette désertification. D’autres acteurs de santé devront s’impliquer. Les audioprothésistes bien sûr, mais aussi les médecins généralistes de plus en plus sensibilisés à l’intégration de l’audition dans le parcours de santé, et d'autres professionnels comme les orthophonistes, les pharmaciens, les infirmiers et les assistants médicaux. C’est aussi en surmontant les clivages et les corporatismes que pourra émerger une vraie médecine préventive.
  • Mettre en œuvre une révolution culturelle pour charger notre regard sur l’audition. Les problèmes auditifs font l’objet de nombreux préjugés, profondément ancrés dans l’esprit de nos concitoyens et de nos dirigeants. L’éducation à la santé est un processus long et difficile, qui ne peut être accéléré que par une volonté politique forte.
  • Accentuer les efforts de recherche sur l’audition pour décrypter les mécanismes de la presbyacousie et autres surdités, mettre au point des thérapies innovantes, lever les mystères des « acouphènes » et proposer des dispositifs auditifs innovants. Nul doute que ces avancées favoriseront le développement d’une médecine prédictive et d’une approche personnalisée des problèmes auditifs.

Il est temps !

Les propos tenus dans les tribunes sont sous la responsabilité de leurs auteurs et ne reflètent pas forcément l’opinion d’Audiologie Demain.

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