L’annonce de la composition complète du gouvernement se faisait attendre ; elle est tombée dans la soirée du 8 février. Alors qu’on attendait initialement Agnès Pannier-Runacher à la santé, c’est finalement Frédéric Valletoux qui occupera ce poste. Ce n’est pas la seule surprise : la prévention revient dans son intitulé aux côtés de la santé. Une décision qui satisfait le précédent locataire de l’avenue de Ségur, Aurélien Rousseau : « Très heureux que ce très beau ministère garde à son fronton l’ambition de mener simultanément les politiques de santé et de prévention », a-t-il écrit sur le réseau X. Et qui parait de bon augure pour le secteur de l’audition, pour lequel la mise en place d’une véritable politique de prévention est aujourd’hui indispensable.
La nomination de Frédéric Valletoux, journaliste de formation (il fut rédacteur en chef des Échos) et député Horizons, ne fait en revanche pas l’unanimité. La loi qui porte son nom, promulguée fin 2023, vise notamment à territorialiser l’offre de soins et à assurer la permanence de soins la nuit et les week-ends. Mais la version votée par le parlement est bien plus consensuelle que son auteur l’aurait souhaitée. Il voulait notamment contraindre les médecins à s’installer dans les déserts médicaux. Pour les médecins de ville, cette nomination confine à la provocation. La Confédération des syndicats de médecins français (CSMF) parle même de « déclaration de guerre ». L’intitulé du communiqué du syndicat des médecins libéraux est dans la même veine : « Le cauchemar des médecins libéraux ! ». Il faut dire que l’ancien président de la Fédération hospitalière de France (jusqu’en 2022) n’a jamais épargné les libéraux. En septembre 2022, MG France publiait un communiqué intitulé : « Frédéric Valletoux : entre mensonges et dérapages... ». Selon le syndicat, « [Aux] yeux [de Frédéric Valletoux], les maux dont souffre l’hôpital public n’ont qu’une explication : les libéraux qui n’en feraient pas assez ! ». Peut-être qu’une personnalité plus consensuelle aurait constitué un choix plus judicieux, alors que le système de santé français est en pleine crise. Aurélien Rousseau salue néanmoins la nomination d’un « excellent connaisseur du système de santé ».