Les atteintes de l’oreille seraient-elles la partie immergée de l’iceberg de la santé et un symptôme d’autres problèmes de santé ? C’est ce qui semble ressortir d’une étude menée par l’Association nationale de l’audition (ANA) en partenariat avec l’organisme de retraite complémentaire Agirc-Arrco. Ses résultats ont été présentés lundi 10 mars 2025, lors de la conférence de presse organisée par l’ANA en amont de la 28e édition de la Journée nationale de l’audition qui se tient le 13 mars. L’Agirc-Arrco propose de vastes bilans de santé, gratuits, à l’attention notamment de ses adhérents. Elle dispose ainsi d’une base de données obtenues auprès de plus de 51 000 patients dans ses quelque 80 centres de prévention en France métropolitaine. Ces bilans incluant systématiquement des audiométries, il a été possible d’explorer des corrélations entre pertes auditives et différentes comorbidités – problèmes cardiaques, diabète, plaintes mnésiques, syndromes métaboliques, insuffisance rénale… –, performance à des tests cognitifs ou équilibre.
« Du fait du volume important des données, nous avons pu ajuster les résultats en fonction de l’âge, du genre, de l’indice de masse corporelle et de la préférence manuelle et obtenir des résultats ayant des tailles d’effet non négligeables et pertinentes d’un point de vue clinique », précise Robin Guillard, docteur en neuroscience et membre du comité scientifique de l’ANA, qui a mené cette étude. Ces bilans de santé concernaient majoritairement des femmes, étaient réalisés à 70 ans en moyenne et couvraient l’ensemble du territoire métropolitain. Les profils auditifs couvraient un large spectre, de normo-entendant à des pertes auditives conséquentes, certains patients étant appareillés.
Les atteintes de l’oreille augmentent d’autres risques de santé
Plusieurs points ressortent de cette analyse après ajustement sur les quatre facteurs de risque sus-cités. Tout d’abord, elle révèle que le fait de manifester une gêne pour entendre mène à 1,9 fois plus de risque de présenter aussi une plainte mnésique. Ensuite, les personnes déclarant des acouphènes (quel que soit leur statut auditif) présentent un risque majoré de 77 % d’hypertension orthostatique et un risque majoré de 71 % de rapporter un essoufflement à l’effort. L’étude indique par ailleurs +55 % de risque de suspicion d’hypertension orthostatique lorsque l’entourage du patient se plaint de son audition. Ces observations sont en accord avec la littérature scientifique sur le sujet. « Ce qui est plus surprenant, c’est qu’on observe une association entre les pertes auditives sur les fréquences graves (autour de 500 Hz) et une baisse des scores aux tests cognitifs », indique Robin Guillard.
Les résultats montrent également un lien entre équilibre et acouphènes : ceux-ci sont associés à une augmentation de 176 % du risque de rapporter des vertiges et une augmentation de 74 % du risque de rapporter un sentiment d’instabilité. Ce dernier est par ailleurs augmenté de 67 % en cas de perte auditive ayant nécessité un appareillage.