La charrue avant les boeufs ?

On aurait pu partir tranquillement en vacances, souffler un peu après une année et demi éprouvante physiquement et psychologiquement. C’était sans compter les aléas des calendriers des ministères de la Santé et de l’Enseignement. Ils viennent en effet de missionner l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) afin qu’elles établissent, pendant l’été, un rapport sur la filière auditive.

Un travail majeur, donc, qui pourrait avoir des répercussions importantes sur le secteur, puisque l’ensemble de la filière sera investiguée : le 100 % Santé, les modes d’exercice, la formation et les pratiques professionnelles. Vaste programme !

On est néanmoins en droit de se poser la question suivante : alors que le secteur vient de vivre une profonde réforme, cette mission n’arrive-t-elle pas un peu tôt ou un peu tard ? En livrant leur rapport quelques mois à peine après la pleine entrée en vigueur du 100 % Santé, les deux institutions se coupent – peut-être – la possibilité de recommander des changements majeurs qui pourraient remettre en cause ou réviser des dispositions de la réforme. Sur la formation, par exemple : qu’adviendra-t-il si l’Igas et l’IGÉSR recommandent d’allonger les études d’audioprothèse de deux ans, afin de répondre aux besoins croissants d’appareillage et de pallier la pénurie d’ORL audiophonologistes et les freins à la prescription des généralistes ? Comme le constate le Pr Lionel Collet dans une interview qu’il nous a accordée, « on ne peut pas se permettre d’attendre deux ans sans sortir de diplômés ». En effet, le 100 % Santé a ouvert les vannes de l’appareillage : les chiffres du Snitem et de l’Assurance maladie affichent une hausse historique des ventes et remboursements d’aides auditives. La réévaluation du numerus clausus ne semble en tout cas plus une question.