De nombreuses listes de mots servant à l’audiométrie vocale de l’enfant dans le silence ont été élaborées dans les années 1950. Sont-elles toujours adaptées ?
Celles de Fournier et de Lafon, remplissent leur rôle, notamment pour la tranche des 6-12 ans. Pour les plus jeunes, il est nécessaire de revisiter ces outils pour supprimer certains mots désuets, de limiter la suppléance mentale – par exemple permise par la présence d’articles dans les listes – et de retravailler l’équilibrage phonétique afin de respecter la fréquence d’occurrence des consonnes et des voyelles dans la langue. Par ailleurs, la qualité de la réhabilitation permise par les nouvelles technologies auditives nécessite aujourd’hui de pouvoir augmenter graduellement la difficulté des audiométries. L’enfant sourd profond, par exemple, peut bénéficier d’une implantation bilatérale précoce, permettant très tôt des performances d’écoute et de compréhension élevées.
Quid de l’audiométrie vocale dans le bruit ?
Même si son développement date des années 1970, cet examen était encore rarement réalisé jusque récemment. Pourtant, il est pertinent pour signaler les pertes auditives émergentes, les pertes partielles – par exemple en pente de ski, les troubles centraux de l’audition et les neuropathies auditives. Pour ces dernières, les patients présentent un résidu auditif et une gêne dans les environnements bruyants. Les évaluer dans le bruit est donc indispensable. La pose d’un second implant requiert également une telle évaluation.
Cet élargissement du champ de la réhabilitation nécessite des tests qui puissent être réalisés dans des conditions plus proches de l’écologie naturelle de la vie de l’enfant.
Actuellement, le FraSimat est le seul test validé en français pour des enfants, ce qui souligne le besoin de développer plus d’outils de ce type. Il faudrait deux nouvelles listes de mots dans des situations bruyantes – une liste de mots courants et une autre comprenant des mots plus ardus, c’est-à-dire des mots sans sens ou des phonèmes –, ainsi qu’une liste de phrases avec différentes modalités de bruit et de localisations spatiales.
Quelles suites seront données à ce travail ?
Après l’édition de cet état des lieux sous forme de « book » avec des recommandations sur l’utilisation des listes et leurs limites pour les différentes professions, une seconde étape visera à développer des tests en français avec notamment le concours d’un phonéticien et d’un acousticien pour être à même d’offrir des kits clé en main pour les ORL, les audioprothésistes et les orthophonistes. Il nous faut développer des outils pour évaluer les enfants, mais aussi pour entraîner l’écoute dans les situations d’audition compétitives.