Par exemple, seuls 8 % des patients interrogés indiquent parvenir à obtenir un rendez-vous chez l’ORL sous 4 semaines, contre près de 50 % en 2018. Pour 2022, plus de 10 % des sondés doivent attendre six mois ou plus pour obtenir un rendez-vous.
Pour le SDA, il faut que « les patients puissent retrouver des délais d’accès raisonnables ». Même s’il convient que l’appareillage ne constitue par une urgence médicale, il estime que réduire ces délais permettrait d’éviter « les pertes de chance pour les patients présentant d’autres pathologies ORL ».
Le CNP d’ORL « figé » dans son refus d’une nouvelle dérogation
Ce communiqué n’a pas manqué de faire réagir le CNP d’ORL . Dans une tribune diffusée dans la newsletter de la SFORL du 15 mars 2023, son président, le Pr Vincent Darrouzet estime que « ce n’est pas [le] rôle [du syndicat des audioprothésistes] de souligner les difficultés de la profession dans les terres françaises les plus défavorisées sur le plan démographique ».
Le CNP d’ORL campe sur ses positions et rappelle que les ORL restent « figés sur l’idée que la pertinence de la primo-prescription passe aujourd’hui comme autrefois par l’ordonnance d’un ORL , et ce tant que des médecins généralistes ne seront pas formés au travers du DPC d’Otologie Médicale, que nous déployons avec l’aide d’ORL -DPC. Plus jamais de dérogation aux généralistes non formés ! Le prescripteur doit être le testeur !! (…) Notre position n’a pas varié et ne variera pas. La pertinence est notre seul guide. »
Le Pr Darrouzet évoque les dérives récentes et décline toute responsabilité dans les difficultés démographiques de la discipline et le déclin « attendu, annoncé et redouté de l’ORL médicale ». Pour le CNP d’ORL , cette position « n’est pas celle d’une profession arc-boutée sur ses privilèges, mais celle au contraire d’une profession qui veut que l’argent public et mutuel soit dépensé à bon escient ».
Lors du congrès des audioprothésistes, le Pr Christophe Vincent, dont la présentation ne portait pourtant pas précisément sur ce sujet, a enfoncé le clou, un brin agacé par le communiqué du SDA : « Selon la littérature, il n’y a pas de perte de chance pour un adulte devenu sourd d’avoir un décalage de prise en charge audioprothétique de 2, 3 ou 6 mois. Si on estime qu’il y a une perte de chance médicale, plutôt que d’avoir une prescription sans valeur ajoutée [par un médecin généraliste non formé], autant supprimer la prescription, a-t-il ironisé. J’attire votre attention : c’est une pente dangereuse, à mon sens. Ça n’est pas dans l’esprit de la réforme du 100 % Santé. »