L’ambition d’un congrès majeur

Après deux années entre parenthèses, le 42e congrès des audioprothésistes se tient au Palais des congrès de Paris, les 18 et 19 mars 2022. À cette occasion, la copie a été revue de fond en comble. L’objectif : faire du congrès le principal événement de la profession, de toute la profession. Explications, avec Luis Godinho, président du SDA, et Stéphane Gallego, un des vice-présidents, qui a concocté ce nouveau programme.

Propos recueillis par Bruno Scala
congres audio 2022

Audiologie Demain : Cela fait deux ans que le congrès ne peut avoir lieu. Est-ce que cette pause imposée a donné envie aux audioprothésistes de se retrouver, ou au contraire, les a-t-elle habitués à rester chez eux ? 

Luis Godinho : Si l’on en croit les chiffres, la pause a un impact positif sur la participation au congrès. À l’heure où nous nous parlons, tous les ateliers affichent complet et ce, depuis fin janvier. Quant aux formations DPC, dispensées par notre partenaire Audioforméa, elles comptent déjà beaucoup d’inscrits. Je crois qu’il y a dans l’ensemble une forte attente de la profession. Et d’ailleurs, ce phénomène était déjà bien visible lors du dernier EPU, qui a connu une forte participation. 

En outre, tous les fabricants et la grande majorité des enseignes ont réservé un espace d’exposition. Nous leur avons d’ailleurs proposé de s’impliquer dans l’organisation de ce congrès en organisant des sessions de conférence sponsorisées. Et quasiment tous ont joué le jeu. 

AD : La loi anti-cadeaux, qui interdit d’offrir l’hospitalité, a-t-elle freiné les inscriptions des étudiants ? 

LG : Non, ils seront nombreux. Ils tiendront d’ailleurs leur soirée annuelle pendant le congrès. En revanche, cette loi nous a obligés à nous adapter. Ainsi, nous avons dû élaborer le programme dès le mois de septembre, puisque les prises en charge des déplacements doivent faire l’objet de demandes auprès de l’ordre des médecins ou des ARS plusieurs mois en avance.

Nous avions aussi organisé une réunion en visioconférence avec tous les exposants et un cabinet d’avocats spécialisé dans ce domaine afin que tout soit parfaitement bordé. Par exemple, il ne sera pas possible d’offrir de la restauration sur les stands (hormis café et viennoiserie). Néanmoins, je ne pense pas que le congrès sera, en raison de cette loi, un moment moins convivial que les années précédentes. Et, l’intérêt de cet événement va bien au-delà de sa convivialité. Par ailleurs, nous avons prévu un espace de restauration dans l’enceinte du congrès. 

AD : Actualité oblige, le programme politique n’a jamais été aussi dense... 

LG : Nous avons prévu cette année trois tables rondes, qui seront très riches. À la première, nous avons convié un représentant de l’Assurance maladie. Thomas Fatôme, le directeur de la Cnam, ne pouvant se rendre disponible, c’est Marguerite Cazeneuve, sa directrice déléguée, qui a accepté notre invitation. Il y a beaucoup de sujets à aborder, notamment celui de la nouvelle convention, qui n’est pas encore en vigueur, et qui le sera très prochainement j’espère. Nous échangerons donc afin de découvrir comment travailler le mieux possible ensemble, pour une bonne application de cette convention. L’objectif étant que les patients puissent accéder à des soins de qualité. Pour cela, l’Assurance maladie sera notre partenaire. Par ailleurs, une bonne partie des recommandations formulées par l’Igas et l’IGÉSR impliquent une action de la Cnam, que ce soit sur la partie 100 % Santé ou sur les enjeux de la filière. 

Les membres de la mission Igas/IGÉSR (Louis-Charles Viossat, Pierre Mainguy et Amaury Fléges) seront présents lors de la deuxième table ronde. Nous reviendrons sur les principales conclusions du rapport et évoquerons aussi les points qui n’ont pas pu être abordés dans ce travail et qui le seront sans doute prochainement. 

En raison des contraintes de temps, la troisième table ronde adoptera un format un peu plus court. Nous avons tenu à organiser cette table ronde avec des représentants des complémentaires : Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité française, et Quentin Bériot, directeur général d’Unéo. Cela traduit notre volonté de continuer à pousser ce que nous appelons de nos vœux depuis janvier 2019 : travailler entre syndicats représentatifs et complémentaires. L’objectif est de parvenir à quelque chose d’efficient pour les adhérents de ces organismes, qui sont aussi nos patients.

AD : Le reste du programme a été revu en profondeur. Pour quelles raisons ? 

LG : C’est notre volonté, qui part du constat qu’il ne s’agit pas du congrès des adhérents du SDA, mais du congrès de la profession, le congrès des audioprothésistes. Les indépendants représentent la majorité des adhérents du SDA. Mais la profession est plus diversifiée. Et d’ailleurs, la convention a été signée par trois syndicats dont un représentant les entreprises. Historiquement, le SDA avait un poids économique plus important, mais l’arrivée de nouveaux acteurs, réunis en syndicat, fait que la balance se rééquilibre. Et s’il revient au syndicat le plus ancien d’organiser ce congrès, il doit s’ouvrir à l’ensemble des acteurs. Stéphane Gallego a réalisé un important travail, dans cette volonté d’ouverture du programme. 

Stéphane Gallego : Les mentalités ont évolué. Avant, le congrès avait essentiellement pour objectif de se rencontrer et de conclure quelques achats d’appareils. Mais le métier s’est professionnalisé et, dans le même temps, sont arrivées la loi transparence et la loi anti-cadeaux. Dans ces conditions, qu’advient-il de ce type de congrès convivial, si on est incapable de s’adapter à ce changement et de proposer une nouvelle offre ? Il fallait donc trouver une formule qui satisfasse non seulement les participants (les audioprothésistes) mais également les exposants et faire de cet événement un vrai congrès professionnel. 

La France est l’un des pays d'Europe qui vend le plus d’appareils. Le congrès allemand est un événement majeur et il n’y a pas de raison que le congrès français ne devienne pas, lui aussi, une manifestation majeure, dont tout le monde sort satisfait. 

« Il n’y a pas de raison que le congrès français ne devienne pas une manifestation majeure. »

Stéphane Gallego

AD : Concrètement, qu’est-ce qui change ? 

SG : Nous avons demandé à tous les acteurs, que ce soit les syndicats ou les exposants, d’être force de proposition. Nous les avons sondés pour savoir de quoi ils avaient envie de parler. Ils ont formulé des souhaits et, sur cette base, nous avons conçu un programme. À partir du moment où les propositions étaient adaptées – qu'elles affichaient un intérêt pour notre profession – et qu’il ne s’agissait pas de publicité, elles étaient les bienvenues. Toutes les présentations et les ateliers sont ainsi parrainées par un acteur. 

Résultat, nous proposons un programme diversifié, qui touche à beaucoup de sujets, de la technique au management. Plus les sujets sont variés, plus on intéresse de monde, et donc plus la participation sera importante. En conséquence, les exposants y trouvent leur intérêt. C’est un cercle vertueux.

Nous avons prévu des sessions plénières, dans une salle contenant 280 places, des ateliers, ainsi que des formations DPC, proposées par Audioforméa. Nous attendons une forte participation, ce qui pourrait entraîner des frustrations pour des congressistes ne pouvant assister à certains événements. Dans ce cas, nous verrons plus grand l’année prochaine. 

Cette année, nous avons également prévu un module emploi/recrutement. C’est important et le calendrier est propice. Mars est en effet la période à partir de laquelle les étudiants de 3e année commencent à chercher un poste. Ils venaient déjà déposer leur CV sur les stands, lors des éditions précédentes. Ce nouveau dispositif va leur permettre de réaliser des choix plus éclairés. Bien sûr, ils n’ont pas de problème à trouver un emploi, mais certains acceptent des postes sans vraiment savoir où ils vont.

AD : Comment ce congrès nouvelle formule s’articule avec les autres événements de la profession ? 

SG : Nous avons délaissé tout ce qui était très scientifique qui, à mon sens, correspond davantage à un événement de type EPU. Par ailleurs, nous sommes complémentaires avec les Assises d’audioprothèse, dont le programme repose avant tout sur le binôme audio-ORL et où il ne sera jamais question de management, d’entrepreneuriat, etc. Il y aura certainement des contenus un peu similaires, mais les orientations sont distinctes. Par ailleurs, les Assises auront à nouveau lieu en janvier, dès 2023. 

Newsletter

Newsletter

La newsletter Audiologie Demain,

le plus sûr moyen de ne jamais rater les infos essentielles de votre secteur...

Je m'inscris