Lancet : la perte auditive est le principal facteur de risque de la démence

La revue scientifique The Lancet vient de publier une étude sur les facteurs de risque de la démence. Elle révèle que la perte auditive est le principal facteur de risque évitable.

Par Bruno Scala
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La perte d’audition est le premier facteur de risque évitable de la démence. C’est l’une des conclusions du rapport 2020 de la Commission « Prévention, traitement et soin de la démence »1. Ce rapport est en fait une mise à jour de celui publié en 20172, qui classait aussi l’audition comme principal facteur de risque. Il y a trois ans, les chercheurs de cette commission avaient estimé qu’en prévenant les pertes auditives, 9 % des cas de démences pourraient être évités. La perte d’audition était ainsi un facteur de risque plus important que la dépression (4 %), le manque d’éducation (8 %), etc.

Ces estimations ont été mises à jour à l’aune des nouvelles découvertes scientifiques. Ainsi, les chercheurs estiment toujours que la perte auditive est le principal facteur de risque évitable de la démence, mais que sa suppression réduirait l’incidence de la démence de 8 % (au lieu de 9, donc).

Pour réaliser ces estimations, la commission du Lancet s’est fondée sur un certain nombre d’études clés étudiant les liens entre audition et cognition, comme celles de Frank Lin3, Hélène Amieva4 (déjà utilisées pour l’évaluation de 2017), ou encore la méta-analyse de David Loughrey5 et la récente étude de Justin Golub6 montrant le déclin cognitif associé à des pertes d’audition faibles (subcliniques).

Si l’étiologie reste à préciser, reconnaît la commission, « les durées de suivi [des études] rend le biais de causalité inversée improbable », indique-t-elle. En d’autres termes, c’est bien la perte d’audition qui entraîne la démence, et non l’inverse. À noter toutefois qu’une très récente étude anglaise, menée par Asri Maharani, indique que de plus faibles capacités cognitives (mémoire des souvenirs) prédisent une perte auditive ultérieure7.

« Encourager le port d’aides auditives »

Même constat concernant le port d’aides auditives : « Les longues durées de suivi de ces études prospectives suggèrent que l’aide auditive apporte une protection [contre la démence], plutôt que la possibilité que les personnes sujettes à la démence soient moins susceptibles d’utiliser des aides auditives ». Pour l'OMS, toutefois, ces études ne sont pas assez probantes et demandent à être davantage étayées pour recommander sans équivoque l'utilisation des prothèses auditives en vue de prévenir la démence8. Un essai clinique permettrait de statuer.

L’appareillage fait ainsi partie des recommandations que la commission a inscrites dans ses « messages clés » : « Encourager l’utilisation des appareils auditifs contre la perte auditive et réduire la perte auditive en protégeant les oreilles de l’exposition au bruit excessif. »

40 % des cas de démence évitables

À noter que la version 2020 de ce rapport a vu l’apparition de nouveaux facteurs de risque de la démence. Ainsi les traumatismes crâniens font leur entrée dans ce tableau, au même titre que la consommation excessive d’alcool et la pollution de l’air. L’ensemble des facteurs de risque identifiés par la commission contribuent à hauteur de 40 % à l’incidence de la démence, tandis que les 60 % restants sont d’origine (encore) inconnue.

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