Quels défis pose le dépistage néonatal des surdités légères bilatérales ou des surdités unilatérales ?
Il faut tout d’abord dire que dépistage ne veut pas dire diagnostic. Le dépistage détecte les sujets qui présentent potentiellement une déficience auditive – qui peut être unilatérale et/ou légère – pour leur permettre d’intégrer la filière qui produira un diagnostic que l’on souhaite le plus affirmé possible. Rappelons ensuite que l’on a quelquefois affaire à des enfants qui ont des problèmes d’oreille moyenne, des problèmes qui peuvent régresser avec le temps, ou avec la maturation du système auditif. Il faut également garder à l’esprit que les enfants souffrant de surdités légères bilatérales, même s’ils peuvent rencontrer des difficultés, verront leur langage se développer quoi qu’il arrive. Il y a donc une prudence à avoir dans l’annonce initiale faite à la famille. Le choix des mots est important afin de ne pas provoquer d’inquiétude ou de choc psychologique injustifiés.
Pourquoi le suivi de ces enfants est essentiel, alors que ces surdités n’empêchent pas d’évolution positive ?
Pour plusieurs raisons. De manière générale, ce suivi est nécessaire pour accompagner un éventuel retour à la normale ou organiser la réhabilitation et la rééducation. Ensuite, dans les cas de perte auditive unilatérale, il y a un intérêt à rechercher une infection congénitale à cytomégalovirus – une recherche qui doit être faite dans les 15 premiers jours de vie. En effet, cette étiologie préfigure fréquemment un schéma évolutif spécifique de la perte auditive. Le suivi se justifie également car les enfants peuvent rencontrer des obstacles au développement du langage à des âges divers puisque tout ne dépend pas que de l’audition . Enfin, des aménagements éducatifs, comme le placement dans la classe à l’école ou le soutien rééducatif, aident à prévenir les conséquences de la déficience auditive.
Y a-t-il des critères pour décider ou non d’un appareillage ?
L’appareillage d’une surdité bilatérale légère ou d’une surdité unilatérale n’a pas d’effet délétère, hormis la possibilité d’abandon des prothèses. Toutefois, les critères permettant d’affirmer qu’il faut appareiller et que, si on ne le fait pas, le développement auditif et cognitif de l’enfant s’en trouvera compromis, ne sont pas ubiquitaires : chaque situation est unique. Il s’agit d’adopter une approche globale où l’on considère une oreille, un cerveau, un corps, une famille et un environnement.
C’est la prise en charge de ce « tout » qui permettra le développement de l’enfant grâce à une médecine personnalisée. Un diagnostic rigoureux et une action concertée entre les parties médicale, audioprothétique et orthophonique permettront d’émettre des recommandations pertinentes et de bons sens pour que les enfants porteurs de surdités unilatérales et/ou légères bilatérales rencontrent un minimum de difficultés dans leur développement et acquièrent une totale autonomie.