L’audioprothésiste Ugo Benrubi lauréat de la première bourse master SFA

La bourse d’étude master de la Société française d’audiologie prime un projet de recherche fondamentale porté par Ugo Benrubi visant, à terme, à prévenir l’apparition de la perte auditive consécutive à l’administration de cisplatine.

Par Stéphane Davoine
(c)rikkyal AdobeStock

Dans le cadre de sa mission de soutien à la recherche, la SFA a lancé cette année une nouvelle bourse, financée par Audika, d’un montant de 24 000 €. C’est l’audioprothésiste Ugo Benrubi, inscrit en seconde année du master Neuroprothèses sensorielles et motrices de Montpellier, qui s’est vu attribuer cette bourse pour l’année universitaire 2022-2023.

Formé à l’audioprothèse à la Haute école Léonard-de-Vinci de Bruxelles, Ugo Benrubi a déjà exercé son métier en France. Il a pu définir son projet d’étude en lien avec l’ototoxicité du cisplatine à l’occasion d’un stage dans le laboratoire GIGA-Stem cells Developmental Neurobiology Unit (université de Liège, Belgique), au cours de sa première année de master. « Le cisplatine est un anticancéreux qui donne de bons résultats mais qui induit de nombreux effets secondaires, dont la destruction des cellules ciliées externes, rappelle le jeune belge. Ainsi, déterminer quelles molécules pourraient faire baisser cette toxicité sans réduire les effets positifs de la chimiothérapie s’avère être un enjeu majeur. »

Durant son premier passage à la GIGA-Stem Cells Developmental Neurobiology Unit, Ugo Benrubi a pris part aux tests pilotes visant à organiser le tri d’environ 300 molécules potentiellement protectrices de l’oreille interne, ce qui a donné lieu à un premier mémoire. Afin de vérifier leur potentiel, ces molécules passeront au criblage de cultures cellulaires. « Cela permet de sélectionner les molécules prometteuses, explique le lauréat. On applique des molécules tests sur les cultures de cellules d’oreille interne ayant reçu le traitement au cisplatine. 24 heures plus tard, on identifie les molécules permettant les meilleurs taux de survie cellulaire. » Suivront des validations sur des cultures d’organe de Corti ex vivo, puis des tests sur des modèles in vivo de souris, et, à plus longue échéance, en conditions réelles sur des oreilles humaines. Dans son ensemble, le projet, qui se déroule sous la coordination de la Pr Brigitte Malgrange, impliquera plusieurs laboratoires et se prolongera dans le futur sous la forme d’un doctorat.

Audioprothésiste de cœur... et futur chercheur ?

C’est donc un projet de science fondamentale qu’a récompensé la SFA avec la première édition de cette bourse master. Ses modalités d’attribution ont été divulguées en mai 2022, ce qui a suscité six candidatures – quatre émanant d’audioprothésistes et deux de médecins ORL. « Les dossiers ont été examinés par quatre membres du conseil d’administration de la SFA ainsi que deux évaluateurs externes, au moyen d'une grille de notation et en prenant en compte d’éventuels conflits d’intérêts », explique Stéphanie Borel, secrétaire de la SFA.

Pour l’heureux lauréat de cette bourse, si une vocation de chercheur est peut-être née, elle ne diminue en rien les attraits de l'exercice de l'audioprothèse. « Sur le plan intellectuel, la recherche est très stimulante car il faut en permanence essayer de résoudre des problèmes ; l’audioprothèse quant à elle présente un caractère plus routinier mais elle permet d’être en permanence au contact des patients et a un impact social immédiat très valorisant pour le professionnel », constate Ugo Benrubi, qui se verrait bien dans le futur suivre conjointement ces deux voies.

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