Le dépistage en nette amélioration
Catherine Daoud : « Seulement un tiers des enfants étaient dépistés au cours de leur première année de vie il y a seulement une dizaine d'années. Cela entraînait des implantations tardives, jusqu’à 8 ans parfois ! Aujourd’hui, 86 % des enfants âgés de 1 à 5 ans ont été dépistés dans leur première année et 96 % avant l’âge de 2 ans. Une belle évolution qui montre bien l'efficacité de la mise en place du dépistage néonatal de la surdité dans les maternités en 2015-2016 ! »
Les derniers chiffres faisant état du dépistage néonatal de la surdité en France, publiés par Santé Publique France en 2019, indiquaient en effet que 94 % des nouveau-nés avaient été dépistés au cours de l’année 2016 (lire notre dossier Les derniers défis du dépistage néonatal, AD#03).
L’implantation avant l’âge d’un an est à « encourager »
Catherine Daoud : « Le délai d’implantation s’est bien amélioré ces dernières années, mais il pourrait être raccourci si le parcours entre les tests auditifs et l'implantation cochléaire était moins “chaotique”. Les parents veulent connaître plus rapidement les solutions à mettre en oeuvre, sans avoir à multiplier les consultations avant d'arriver jusqu'au centre d'implantation. Toutes les études montrent que l'implantation avant l'âge d’un an facilite le développement de l'audition. Il faut donc encourager tous les professionnels à aller dans ce sens. »
Pour une bi-implantation rapprochée
L’enquête montre que 55 % des enfants interrogés sont implantés en bilatéral. De manière générale, l’intervalle entre les deux implantations est court, mais il existe une certaine hétérogénéité.
Catherine Daoud : « On constate, comme chez les adultes, que si le projet d'implantation bilatérale n’est pas simultané ou rapproché, il sera plus difficile à mettre en place car des freins peuvent apparaître. Or l’implantation bilatérale, lorsqu'elle est possible, améliore la perception auditive au quotidien. »
D’importants bénéfices sur la compréhension
81 % des enfants ayant un implant cochléaire déclarent bénéficier d’un niveau de compréhension « normal » dans une situation sonore calme, en discussion avec une ou deux personnes.
Catherine Daoud : « Les résultats de notre enquête montrent que les enfants implantés ont, comme tous les autres, un bon niveau de langage et d’expression. Une large majorité peut téléphoner, regarder et écouter la télévision sans aucune aide ou encore apprécier l’écoute de la musique. 32 % d'entre eux pratiquent un instrument de musique, souvent le piano, mais aussi la guitare, la batterie et le violon. 22 % des enfants implantés font du théâtre… et 7 % pratiquent même le chant ! »
Une inclusion scolaire de qualité
Catherine Daoud : « L’implantation cochléaire permet la poursuite d’un cursus scolaire normal pour une majorité d’enfants. On constate une bonne intégration scolaire des enfants implantés. Bien souvent, Ils acceptent leur handicap tout en étant conscients d'être différents des autres, comme en témoigne ce commentaire recueilli dans le cadre de l'enquête : “Grâce à l'implant cochléaire, je me sens plus à l'aise et à ma place dans mon collège. J'arrive à faire les choses comme les autres, même si cela me demande plus de travail que les autres. Ma vie sociale n'est pas impactée par mon handicap, tout au contraire, je le mets en avant pour que les gens soient conscients qu'être sourde ne veut pas dire être différente. Je suis comme tout le monde.” Ingénieur, menuisier, coiffeur ou encore professeur d'histoire... Les projets d'avenir des enfants implantés sont tout aussi divers et variés que ceux des autres enfants ! »