Les deux mois de confinement auront un impact certain sur l’activité des audioprothésistes mais également sur les revenus des Français, entraînant un possible renoncement aux soins pour raisons financières. Le CNA appelle donc les complémentaires, « fortes des économies réalisées pendant cette période de confinement », à avancer la mise en place du 100 % Santé dès le 1er juillet 2020. « Nous demandons aux pouvoirs publics de nous aider à convaincre les complémentaires santé de faire ces efforts. Nous pensons que ces mesures ne seront qu’un juste retour pour restituer aux français des prises en charge qu’ils n’ont pas utilisées lors de cette longue période de confinement. »
Lutter contre l’attentisme
Cette demande d’anticipation du déploiement total de la réforme doit permettre de lutter contre l’attentisme des patients à l’approche de janvier 2021 et ainsi amortir l’impact économique de la baisse d’activité liée au confinement pour les audioprothésistes. « La crise sanitaire risque de toucher prioritairement nos confrères indépendants qui n’ont pas, sans aide, les moyens financiers nécessaires pour faire face à cette situation, alerte François Le Her, président du CNA. Nous pensons [qu’ils] ne pourront continuer à vivre et à exercer que si les assurances participent aux efforts réclamés par notre président de la République. »
Pour le CNA, il est désormais « nécessaire de montrer que la mise en oeuvre de cette mesure est économiquement acceptable par les pouvoirs publics et pour les complémentaires santé ». François Le Her précise : « Nous voulons montrer qu’au contraire le gain indirect généré par l’appareillage précoce des plus démunis permettra le maintien de l’autonomie des seniors et rentrera dans la stratégie de prévention liée au “bien vieillir” ».
Les réactions du Synea et du Synam
Marc Greco, président du Synam, et Guillaume Flahault, président du Synea, estiment que « à fin avril, la proposition d’avancer la réforme à la date du 1er juillet ne paraît pas réaliste compte tenu du contexte sanitaire » et qu’il « revient aux syndicats représentatifs de la profession, signataires du protocole 100 % Santé, de travailler avec les pouvoirs publics et les complémentaires sur les modalités de prise en charge de l’appareillage et sur le modèle économique de la profession ». Les deux syndicats indiquent néanmoins travailler sur des propositions à faire au Gouvernement pour accompagner la reprise de l’activité de l’audioprothèse et rester « favorables à faciliter l’accès aux soins pour tous ».
Les ORL, favorables à l’avancée au 1er juillet
La demande du CNA est jugée favorablement par Nils Morel, président du SNORL : « Nous avons toujours pensé qu’un meilleur remboursement des patients permettrait de diminuer le renoncement aux soins auditifs. Le confinement a certainement entraîné une baisse des revenus des Français et impacté lourdement les audioprothésistes. En tant qu’ORL, on ne peut qu’approuver le fait d’avancer la mise en place du reste-à-charge zéro en juillet. »