Le groupe audiologie du Snitem « propose une nouvelle prolongation de la dérogation de prescription accordée aux médecins généralistes »

Les fabricants d’aides auditives s’inquiètent d’un ralentissement du marché des aides auditives en raison de la diminution du vivier de prescripteurs et jouent les lanceurs d’alerte face à « une possible remise en cause de l’accès aux soins en audioprothèse ».

Par Bruno Scala

table ronde snitem congres
Louis-Charles Viossat, Maher Kassab, Guillaume Joucla, Fabrice Vigneron et Ludivine Aubin-Karpinski
Lors du 43e congrès des audioprothésistes, la question de l’accès à la prescription des aides auditives était l’un des principaux thèmes de discussion. Le pôle audiologie du Snitem en avait fait l’objet de sa table ronde. Aujourd’hui, 3 avril, le syndicat enfonce le clou dans un communiqué et alerte d’une « possible remise en cause de l’accès aux soins en audioprothèse ». Il constate ainsi « un ralentissement soudain du volume de patients équipés depuis novembre 2022 (…). Cette baisse du taux d’équipement se traduit par une baisse du marché en volume de 9,1 % entre novembre 2022 et février 2023. » 

Pour lui, la raison est sans équivoque : cette baisse est due à la fin de l’autorisation des primo-prescriptions par les médecins généralistes. Le syndicat propose donc « à court terme, une nouvelle prolongation de la dérogation de prescription accordée aux médecins généralistes ».

Plus globalement, c’est l’accès à la prescription qui est aujourd’hui problématique. Les fabricants d’aides auditives rappellent ainsi la « répartition inégale des ORL sur le territoire français », « une baisse des effectifs ORL de 16 % d’ici à 2030 selon la Drees », « des délais d’attente pour l’obtention d’un rendez-vous chez un ORL en hausse », ou encore « une formation à l’otologie médicale complexe pour les médecins généralistes qui manquent de temps et qui est actuellement utilisée par des professionnels exerçant dans des zones déjà pourvues en ORL ». Le Snitem évoque aussi les dérives que ces difficultés d’accès à un ORL entraînent. 

Travail aidé, téléaudiologie, parcours de soin...

Lors de la table ronde du congrès (à voir ci-dessous), les invités – Guillaume Joucla et Fabrice Vigneron, du Snitem, Maher Kassab, du cabinet Gallileo Business Consulting, et Louis-Charles Viossat, de l’Igas – avaient esquissé des solutions. En particulier, de nombreux parallèles avaient été réalisés avec la filière optique, notamment sur la question du travail aidé. « Les ORL sont à un stade beaucoup moins avancé, rapportait Louis-Charles Viossat, l’un des auteurs du rapport sur la filière auditive, d’abord parce qu’ils sont moins allants que les ophtalmologistes sur ce sujet, et aussi parce qu’il faut trouver les professionnels pour le faire. Les orthoptistes ont accepté un changement assez radical de leur profession. En ORL, c'est plus compliqué parce qu'il n'y a pas de candidats naturels. » Le Snitem plaide pour un développement de ce travail aidé pour les ORL. Autre secteur sur lequel l’ophtalmologie est en avance, la télémédecine. « C’est peut-être une des solutions pour notre écosystème, a avancé Guillaume Joucla, directeur général de Sonova France, car ça fonctionne pour la filière optique. Elle permet de garder le spécialiste dans le parcours de soins et contribue à fluidifier le parcours. » Et Maher Kassab de rappeler le succès, toujours dans la filière optique, des postes avancés en ophtalmologie. Le Snitem propose en outre d’étudier l’opportunité de mettre un en place « un parcours de soin différent selon le diagnostic initial établi par le médecin généraliste ». Le fameux protocole go/no-go établi par la SFA, mais qui ne permet pas aujourd’hui aux MG de déroger à leur obligation de formation à l’otologie médicale. 

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