Le malentendant n'entend pas « moins » mais « moins bien »

C’est désormais acquis : l’audiométrie tonale seule n’est pas pertinente pour évaluer les difficultés d’audition. L’utilisation concomitante d’autres outils, tels que le test Höra et le questionnaire HHIE-S, est ainsi nécessaire comme l’ont expliqué les orateurs du webinaire, organisé en juin par la SFA, sur l’état du dépistage de la surdité chez l’adulte. Retour sur ces exposés avec l’un des intervenants, Mark Laureyns, responsable du Centre de recherche et d’études international d’Amplifon à Milan.

Propos recueillis par Stéphane Davoine
SFA

Pourquoi l’audiométrie tonale est-elle un indicateur faible de la performance auditive ?

Sa faiblesse réside dans le fait que c’est un indicateur d’intensité, pas de qualité. La performance auditive est peu liée à l’audiogramme car un malentendant n’est pas quelqu’un qui entend « moins », c’est quelqu’un qui n’entend « pas bien », et la différence est immense. De plus, ce n’est pas un indicateur suffisant pour rendre compte de la difficulté à communiquer dans le bruit, qui est le principal souci des personnes qui consultent. Beaucoup présentent une perte audiométrique faible couplée à de sérieux problèmes de compréhension dans les environnements bruyants. L’audiogramme ne doit donc pas être le seul référent pour l’évaluation du handicap et de l’intervention via des prothèses auditives ou un implant cochléaire.

D’où l’importance d’associer à l’audiométrie d’autres outils tels que le test de repérage auditif Höra, exposé par Jean-Charles Ceccato, et le questionnaire HHIE, présenté par Damien Bonnard...

Oui, avec le test Höra, il faut identifier trois chiffres présentés en antiphase et dans le bruit. C’est un outil plus puissant qu’une audiométrie car centré sur la compréhension dans le bruit. Il est très fiable et peut s’administrer via un smartphone ou une tablette dans un environnement non silencieux. C’est un test particulièrement convaincant car la difficulté à comprendre des chiffres est très parlante pour la personne qui s’y soumet. Son seul inconvénient, c’est qu’il est adaptatif, avec un rapport S/B qui diminue et donc un niveau de difficulté croissant. Au final, il devient difficile de reconnaître les chiffres présentés, ce qui peut être décourageant lorsqu’on applique le test pour comparer des performances auditives avec et sans aides auditives.

Quant au questionnaire HHIE, il est constitué de dix questions courtes et aisées à comprendre qui vont permettre d’établir dans quelles situations la personne fait face à des difficultés. Les réponses données demeurent subjectives, mais il ne faut pas oublier que c’est la perception du malentendant que l’on souhaite évaluer. Rendre compte de cette perception est nécessaire pour qu’il y ait une prise de conscience et la volonté de se faire appareiller.

L’utilisation du test Höra et du questionnaire HHIE-S participent donc d’une adhésion plus élevée à l’appareillage ?

Tout à fait. Rappelons d’abord que l’adoption d’appareils auditifs est en premier lieu liée au degré de la surdité. Mais pour un niveau de perte donnée, la conscience des difficultés rencontrées influence fortement le comportement du patient et sa décision de porter des aides. Dans cette perspective, les différents outils jouent un rôle important. L’audiométrie vocale dans le bruit est en particulier extrêmement pertinente et complémentaire de l’audiométrie tonale.

Newsletter

Newsletter

La newsletter Audiologie Demain,

le plus sûr moyen de ne jamais rater les infos essentielles de votre secteur...

Je m'inscris