Le port d’aides auditives réduit le risque de mortalité

L’appareillage auditif semble avoir bien des vertus. De récents travaux montrent que porter des aides auditives réduit le risque de mortalité.

Par Bruno Scala
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Il y a 13 ans, l’ORL américain Frank Lin apportait la preuve que la perte auditive était associée à un risque de déclin cognitif [1]. Une étude qui a contribué à la mise en place du 100 % Santé en France. Aujourd’hui, avec l’équipe de Jennifer Ailshire, à l’université de California du Sud, il récidive avec des résultats qui apportent une nouvelle pierre à l’édifice : le port régulier d’appareils auditifs augmente la longévité [2].

Pour cela, les chercheurs ont analysé une cohorte de quelque 10 000 personnes. Ils se sont intéressés à leur audition (surdité, appareillage) et à leur mort (âge, cause). Puis ils ont analysé les données afin de déterminer les hazard ratio, c’est-à-dire les facteurs de risque de décès en fonction de certaines conditions. Ces analyses ont d’abord montré que la perte d’audition est un facteur de risque de décès. Autrement dit, une personne atteinte de perte auditive a un risque de décès de 40 % supérieur à une personne normo-entendante, sur la période observée (en moyenne 10 ans). Mais plus intéressant encore, ces analyses suggèrent que les malentendants qui portent des aides auditives régulièrement* présentent un risque de mortalité plus faible que ceux qui n’en portent pas. Le risque est alors réduit de 24 % (hazard ratio = 0,76). Il serait intéressant de voir si ce taux évolue en fonction de la qualité des réglages.

« Le rôle protecteur des aides auditives contre la mortalité »

Les résultats doivent néanmoins être interprétés avec prudence : « Comme il s'agit d'une étude d'association basée sur une cohorte, nous ne sommes pas en mesure d'évaluer la relation causale (par exemple, si la perte auditive mène directement au décès ou si l'utilisation d'une aide auditive mène directement à une vie plus longue) », précise Janet Choi, première autrice de l'étude. En outre, ces résultats devront être confirmés à l’aide d’autres études, et peut-être des études cliniques, bien que, comme le notent les scientifiques dans la publication, « mener un essai contrôlé randomisé sur l'utilisation des aides auditives sur la mortalité n'est probablement pas réalisable ». En effet, si les auteurs ont tenté de prendre en considération un maximum de facteurs de confusion dans la construction de leur modèle, comme les facteurs démographiques ou les comorbidités, le statut cognitif des patients n’était par exemple pas renseigné. Or, il pourrait avoir une influence sur l’analyse. À noter qu’en 2018 [3], Hélène Amieva et son équipe avaient publié des travaux étudiant le lien entre la perte d’audition et les 4D : dépendance, démence, dépression et décès. Un lien avait été détecté avec les trois premiers uniquement.

Les scientifiques se montrent néanmoins positifs : « Cette étude met en exergue le rôle protecteur potentiel de l'utilisation d'appareils auditifs contre la mortalité chez les adultes malentendants, écrivent-ils dans leur conclusion. Les cliniciens devraient continuer à promouvoir l’utilisation régulière d’appareils auditifs chez les adultes malentendants lorsque cela est indiqué. »

* Le port régulier est ici défini comme au moins un fois par semaine, par jour, ou presque toujours ; ou bien au moins 5 h par jour ; ou bien au moins la moitié du temps, habituellement ou toujours (les questionnaires ont varié au cours des années).

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