Le Pr M. Charles Liberman, lauréat du Grand prix scientifique de la Fondation pour l’audition

Le Grand prix scientifique 2022 décerné par la Fondation pour l’audition est attribué au chercheur américain M. Charles Liberman, professeur d’Otologie et de Laryngologie à Harvard. Il est notamment l’auteur de découvertes majeures sur le fonctionnement des voies nerveuses reliant l’oreille interne au nerf auditif.

Par Laura Huynh Quang
collage liberman paysage

C’est une récompense amplement méritée. M. Charles Liberman est le lauréat du Grand Prix scientifique de la Fondation pour l’audition, pour l’année 2022. Pendant plus de quatre décennies passées aux prestigieux et prolifiques laboratoires Eaton-Peabody (Boston, États-Unis), qu’il a dirigés de 1996 à 2022, ses travaux et ceux de ses équipes ont notamment révolutionné la compréhension de la communication nerveuse entre l’oreille interne et le nerf auditif. Des recherches saluées par la Fondation*. « C’est merveilleux d’être reconnu par le Grand prix scientifique de la Fondation pour l’audition, se réjouit le chercheur. Mais le plus satisfaisant, en tant que chercheur fondamental initialement motivé par comprendre l’audition normale, est que mon travail peut maintenant avoir une application pratique. Espérons que cela puisse bientôt conduire à des thérapies qui améliorent l’audition ». Plusieurs laboratoires pharmaceutiques sont sur le coup.

Des recherches centrées sur les surdités cachées

Lors de sa thèse au milieu des années 1970, Charles Liberman explore les effets de l’exposition intense au bruit sur l’oreille interne, le scientifique découvre que le nerf auditif se compose de différents types de fibres : celles à bas seuil sont activées en réponse aux sons les plus faibles, alors que celles à seuil élevé ne sont stimulées que par des sons plus intenses. Plus tard, ses travaux suggèrent l’importance des fibres à seuil élevé pour la perception dans un environnement bruyant. Quant aux fibres à bas seuil, elles sont vite saturées par le bruit de fond.

C’est à la fin des années 2000 qu’il va faire, avec sa collègue la Pr Sharon Kujawa, une découverte cruciale, qui bouleversera toute la recherche sur la perte auditive. Ils découvrent grâce à des études chez l’animal que, contrairement à ce qui était admis jusque-là, les fibres du nerf auditif, et non les cellules ciliées, sont les éléments les plus vulnérables au vieillissement et au bruit. Plus précisément, ce sont les synapses entre les fibres nerveuses et les cellules ciliées qui disparaissent en premier. Une exposition au bruit, même légère, peut détruire jusqu’à 50 % de ces synapses. Cette découverte marquante remet en question la pratique unique de l’audiométrie tonale, incapable de détecter les synaptopathies – d’où le terme de surdité cachée qui sera donnée à cette pathologie. « Nous pensons maintenant que la perte des connexions nerveuses au niveau des cellules ciliées est un aspect majeur du déficit auditif neurosensoriel, appuie le scientifique. Cela jette un nouvel éclairage sur la prégnance de la difficulté à entendre dans le bruit à mesure que nous vieillissons. » Ces surdités cachées seraient en effet à l’origine de la fameuse plainte « J’entends, mais je ne comprends pas ».

Des résultats encourageants

Comment soigner ces synaptopathies ? Le Pr Liberman conduit des recherches visant la réparation des synapses dans l’oreille interne. En 2016, il démontre la possibilité de les régénérer par l’administration locale de neurotrophines chez l’animal, qui induisent en outre une reconnexion des cellules ciliées et des neurones. Reste maintenant à voir si ces résultats sont transposables à l’humain.

* Les candidatures au Grand Prix scientifique sont soumises par des pairs.

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