Le premier implant Osia 2 posé en France

L'implant ostéo-intégré Osia 2 de Cochlear arrive sur le marché français. Le Dr Damien Bonnard, au CHU de Bordeaux, a réalisé la première implantation de cet appareil en France.

Par Bruno Scala
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Le Dr Damien Bonnard et son équipe du CHU de Bordeaux, ont réalisé la première implantation d'Osia 2 en France.

Pour la première fois en France, l’implant ostéo-intégré Osia 2, développé par Cochlear, a été implanté en France. C’est le Dr Damien Bonnard, au CHU de Bordeaux, qui a réalisé l’intervention, le 6 décembre, sur une patiente de 20 ans, présentant une malformation des deux oreilles entraînant une surdité de transmission bilatérale ; elle portait jusqu’alors un appareillage à conduction osseuse avec bandeau. « La technique chirurgicale est très proche de celle réalisée pour les appareils à ancrage osseux de type Baha ou Ponto, décrit l’ORL bordelais. L'enjeu de cette innovation est de régler les problèmes que l’on rencontre parfois avec les systèmes osseux classiques, avec le pilier qui peut causer des soucis liés à la cicatrisation, ou le système Baha attract, pour lequel il faut trouver un compromis entre la force de l’aimantation et la qualité acoustique. » 

« Disruptif »

L’Osia 2 est en effet un implant à ancrage osseux actif, ce qui veut dire que c’est lui – la partie interne – qui génère la vibration, alors que pour les systèmes passifs, c'est la partie externe qui la produit, ce qui fragilise l’aimantation. De ce point de vue, c’est une technologie proche du Bonebridge de MED-EL. Mais l’Osia fonctionne grâce à un vibrateur piézoélectrique, tandis que le modèle autrichien repose sur l’électromagnétique. Pour le Pr Jérôme Nevoux, de l’hôpital Bicêtre (AP-HP), cette différence fait de l’Osia une « innovation disruptive » : « Les propriétés biomécaniques du système offrent un meilleur rendement – une intensité de sortie – à partir de 3 kHz et il est possible d’amplifier jusqu’à 10 kHz, rapporte le chirurgien, qui a, dans le cadre d’une étude clinique de Cochlear, implanté 7 patients, équipés d’un Baha attract mais dont la perte s’aggravait, avec des Osia de première génération. Ces patients ont rapporté un son plus clair, plus cristallin et nous avons noté une meilleure compréhension dans le bruit, mesurée par VRB. » Pour le Pr Jérôme Nevoux, la puissance est telle que l’Osia entre en concurrence avec les implants d’oreille moyenne et les aides auditives surpuissantes. 

Vers une prise en charge

L’indication est la même que pour les appareils à ancrage osseux, à savoir des surdités de transmission. « On a effectué une revue de la littérature pour le dossier de financement, rapporte le Dr Damien Bonnard. On estime qu’environ 500 patients pourraient en bénéficier chaque année, mais c’est une estimation difficile à réaliser car on observe, avec les Baha et Ponto par exemple, que lorsque des appareils sont pris en charge financièrement, le nombre d’implantations augmente. » 

L’Osia 2, lui, n’est pas encore pris en charge. Mais le service ORL a monté un dossier de financement qu’elle a présenté au CHU de Bordeaux. Via une « commission des dispositifs médicaux », des fonds ont été apportés pour implanter cinq patients sur une période d’un an. Toutefois, la Cnedimts a récemment étudié le cas du Bonebridge, pour lequel MED-EL avait déposé une demande d'inscription sur la LPP. La décision devrait être rendue incessamment. En cas de prise en charge acceptée, l’Osia devrait également pouvoir en bénéficier. 

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