Une première !
Début juillet, le Robotol a permis, pour la première fois, l’insertion robotisée d’un implant cochléaire. Depuis, il est utilisé en routine dans le service ORL de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), par les Drs Yann Nguyen et Isabelle Mosnier. Une prouesse technologique qui ne s’arrête pas là. Dans quelques semaines, les équipes de développement espèrent pouvoir coupler le robot à la navigation, « pour pouvoir aligner le robot sur des axes d’insertion précalculés grâce à l’imagerie patient qui aura été réalisée avant l’intervention ». Puis, à la mesure ECoG en temps réel, un bon marqueur de la préservation de l'audition résiduelle ; l’objectif étant d’asservir le robot à l’ECoG, « c’est-à-dire automatiser certaines procédures en fonction de paramètres de sécurité de façon à ce que le robot ait une réactivité immédiate », détaille le Dr Nguyen.
Préparation du bras joystick
Le Robotol est doté de deux bras. Le premier, servant à l’insertion per se, est fixé à l’appareil. Le deuxième portant le joystick, qui se fixe à la table d’opération. Le chirurgien l’actionne pour diriger le bras d’insertion.
Fraisage
Pendant que le Robotol est installé, la Dr Mosnier prépare l’oreille à l’implantation. L'os temporal est fraisé pour accéder à la cochlée par une mastoïdectomie et tympanotomie postérieure. La niche de la fenêtre ronde est ensuite fraisée pour exposer cette dernière. « Installer le Robotol prend autant de temps qu’installer un microscope, c’est-à-dire environ deux à trois minutes, explique le Dr Nguyen. C’est l’un des avantages du Robotol : son utilisation n'est pas chronophage. »
Fixation du porte-outils
De récentes évolutions ont permis d'utiliser le Robotol pour l'implantation cochléaire. « Nous attendions la mise au point de pièces d’adaptation de raccord afin de connecter les implants au robot, explique le Dr Nguyen. C’est avec le soutien industriel de la société Collin que la création, la commercialisation et les évolutions du robot ont été rendues possibles. » Ici, le porte-outils qui guidera le porte-électrodes lors de l’insertion est mis en place par le Dr Nguyen.
Préparation de l’implant
Initialement, le projet de recherche a été soutenu, du côté des fabricants d’implants, par Advanced Bionics et Oticon Medical. Ainsi, le Robotol est d’ores et déjà compatible avec les deux types de porte-électrodes AB (Mid-Scala et Slim J) et Oticon Medical (EVO et Standard), ainsi qu’avec le CI522 de Cochlear. Dans les prochaines semaines, les implants MED-EL seront tous compatibles, puis le CI532 de Cochlear début 2020.
Pilotage à l’aide du joystick
Grâce au joystick qu’elle tient avec sa main droite, la Dr Isabelle Mosnier pilote le porte-outils et l’implant qui y est attaché. L’outil offre tellement de possibilités en termes de mouvement que sa prise en main est un peu délicate, mais nécessite finalement une période d’apprentissage assez courte, de quelques implantations, d’après la chirurgienne. L’objectif est ici de parvenir à placer le porte-outils et l’implant devant la fenêtre ronde, dans l’axe d’insertion, avant de déclencher l’insertion automatique.
Insertion de l’implant
« Le Robotol permet de maîtriser les paramètres de l’insertion. Il est ainsi possible d’atteindre des vitesses très lentes et une insertion continue, tandis que le chirurgien procède forcément par à-coups, précise le Dr Nguyen. L’insertion continue motorisée engendre moins de traumatisme. Avec les modèles animaux, nous avons montré que l’audition résiduelle est mieux préservée. Aujourd’hui, l’insertion dure 90 secondes, mais on pourrait diminuer encore. Nous sommes pionniers et nous nous posons des questions inédites : y a-t-il un intérêt à aller plus lentement ? Il faut le tester. » Sur la photo, la flèche verte montre l’implant, la jaune le porte-outil du robot.