Le SDA lève le voile sur les chiffres de l’audiologie

Le SDA publie de nombreux chiffres issus notamment du Système national des données de santé (SNDS). Ils fournissent des informations intéressantes sur le secteur de l’audioprothèse. Nous avons choisi de nous attarder, dans un premier temps, sur les chiffres relatifs aux patients et aux audioprothésistes, que nous avons fait commenter par Brice Jantzem, président du syndicat.

Par Bruno Scala
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Les motivations du SDA

« Nous avons décidé de publier ces chiffres car nous estimons qu’ils peuvent éclairer le débat public, explique Brice Jantzem. D’autant que depuis la mise en place du 100 % Santé, ces données sont de plus précises. Nous avons souhaité publier ces données brutes : nous n’avons pas toutes les réponses et nous ne souhaitons pas risquer de les surinterpréter. Il faut en outre être vigilant. D’abord, les données que nous publions sont issues de différents datamarts. Il peut y avoir des différences entre chacun et en conséquence, ces chiffres ne sont pas tous strictement identiques. Par ailleurs, ils peuvent parfois être amenés à varier si un professionnel de santé tarde à entrer les informations dans son système, ou si le patient tarde à solliciter un remboursement. Les données que nous avons présentées sont en date de remboursement de 2021 ou 2022. Les chiffres consolidés de 2023 seront présentés lors du congrès des audioprothésistes. » 

Les patients

La part des moins de 20 ans en baisse

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Les patients appareillés sont globalement âgés. Les moins de 64 ans ne représentent qu’un quart des patients qui se sont équipés au cours des 10 premiers mois de l’année 2023. « Les patients de moins de 20 ans représentaient environ 3 % des personnes qui s’appareillaient juste avant la réforme. Comme le marché a doublé, et que cette augmentation a ciblé tout le monde, mécaniquement, la part des moins de 20 ans a chuté », commente Brice Jantzem. Les plus de 75 ans, eux, représentent la moitié de ces patients. On compte quasiment autant d’hommes que de femmes appareillés pendant cette période.

Les hommes s’appareillent plus tôt

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Les données montrent qu’entre 55 et 80 ans, les effectifs masculins sont plus nombreux que les féminins. Après cela, la tendance s’inverse. Cette observation peut s’expliquer par le fait que les hommes sont touchés plus tôt par la presbyacousie, tandis que les femmes vivent plus longtemps. On note une encoche entre 78 et 83 ans, qui correspond aux personnes nées entre 1940 et 1945. Elle pourrait s’expliquer par la faible natalité pendant la guerre. « Sans surprise, les personnes que nous appareillons sont âgées mais la réforme n’a pour ainsi dire pas fait baisser l’âge médian des utilisateurs », note Brice Jantzem.

Les audioprothésistes

Une activité disparate

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Que ce soit en termes de chiffres d’affaires ou en nombre d’aides auditives vendues par mois, on constate une forte disparité parmi les près de 7 000 établissements ayant délivré des aides auditives. Ainsi, 100 centres réalisent un chiffre de vente d'aides auditives supérieur à un million d’euros TTC. À l’inverse, un tiers des établissements qui dispensent des aides auditives réalisent un chiffre de vente inférieur à 150 000 euros. Plus impressionnant encore : plus de 60 % des centres vendent moins de 300 000 € d’aides auditives par an.

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Ces chiffres se reflètent dans l'analyse des volumes. Environ un tiers des centres délivrent moins de dix aides auditives par mois. Sur l’ensemble des établissements, 1 000 vendent moins de cinq aides auditives par mois. « Cela pose la question de la compétence et de l’expérience au sein de ces centres. Est-elle suffisante ?, se demande Brice Jantzem. Se pose aussi la question du coût : ces centres engendrent des frais de structures pour un résultat très faible. Il y a peut-être des économies à réaliser. » En creux, le président du SDA vise les corners. Mais sans doute trouve-t-on aussi parmi ces établissements des petits centres secondaires, où l’audio exerce un ou deux jours par semaine, et qui offrent un service de proximité.

À l’autre extrémité du graphique, 75 centres vendent plus de 70 aides auditives par mois. « C’est dommage que l’on ne connaisse pas le nombre d’audioprothésistes qui exercent dans ces structures, regrette le président du SDA. On connaît bien sûr quelques gros centres, dans certaines villes, mais est-ce que ces chiffres ne sont pas un indice d’un exercice hors établissement ? »

Les limites de prix respectées

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Le prix moyen d’une aide auditive s’élève à 1 299 €, selon les données du SNDS. Pour la classe I, que ce soit pour les moins de 20 ans ou les autres, le prix moyen n’atteint pas le prix limite de vente. La différence est particulièrement flagrante chez les moins de 20 ans. En classe II, les prix moyens se situent en deçà des prix limites de remboursements. La dispersion des prix publics en fonction du nombre d’aides auditives délivrées par établissement ne montre pas d’économie d’échelle au profit des patients (voir graphe ci-dessous). Ce que Brice Jantzem explique par « la nécessité du temps de prestation [qui] ne diminue pas avec le nombre d’aides délivrées ».

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