Le trouble du traitement auditif, en BD

Peu connu des professionnels de santé, le trouble du traitement auditif est une pathologie difficile à diagnostiquer. Dans la BD L’énigme Thomas, publiée par Audika, des spécialistes reviennent sur les signaux d’alerte et les solutions pour améliorer la qualité de vie de ces jeunes patients.

Violaine Colmet-Daâge
entracte enigme thomas

Thomas est distrait en classe, il ne supporte pas le bruit et se fatigue rapidement. À l’école, il n’a pas de copain, et, à la maison, il s’isole constamment. Dans L’énigme Thomas, l’ORL Isabelle Rouillon, l’audioprothésiste et directeur scientifique d’Audika Cyrille Coudert et l’orthophoniste Théodora de Bollardière allient leurs connaissances aux talents du scénariste Hervé Hiolle et du dessinateur Miré afin de raconter en images le quotidien du jeune Thomas, atteint du trouble du traitement auditif. Entre incompréhension et isolement, la maladie touche sournoisement la vie familiale et scolaire du jeune garçon. Mais à l’aide de professionnels de santé aguerris, Thomas va enfin comprendre que même si son audition externe est normale, il n’entend pas « comme les autres ».

Mal connus des spécialistes, les troubles du traitement auditif touchent entre 0,2 et 2 % des enfants. Leur dépistage repose sur une approche pluridisciplinaire impliquant le médecin ORL et l’orthophoniste car aucun test spécifique n’existe. « Il convient d’éliminer en premier lieu une surdité externe ou une neuropathie », explique la Dr Isabelle Rouillon. Puis devant des signes évocateurs, tels qu’une gêne d’écoute en milieu bruyant, des difficultés attentionnelles ou de compréhension, et en l’absence de trouble important de type TDAH, il faut orienter le patient vers un bilan du trouble du traitement auditif. Le diagnostic repose alors sur un faisceau d’indices incluant un bilan d’audition centrale de Demanez. Si le bilan est ouvert dès l’âge de 7 ans, le test reste complexe pour les plus jeunes patients, si bien que « la moyenne d’âge du premier diagnostic se situe autour de 9 ans », précise la Dr Rouillon.

Sensibiliser les professionnels pour un meilleur dépistage

« Le premier maillon du dépistage, c’est l’orthophoniste, note Cyrille Coudert. Encore faut-il qu’il connaisse la pathologie ! » Accessible aux enfants et aux parents, la BD est aussi destinée à sensibiliser les professionnels de santé. Un cahier scientifique détaille le tableau clinique et les acteurs clés du dépistage mais également les tests diagnostiques, les moyens de remédiation et de suppléance auditive ainsi que la prise en charge financière.

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En diagnostiquant correctement ce handicap, les spécialistes mettent un nom sur une situation souvent éprouvante pour les familles. Ils leur assurent surtout la possibilité d’adapter au mieux leur quotidien. « La prise en charge orthophonique permet à l’enfant de se rendre compte de ses difficultés et s’y adapter mais également de travailler ses propres compétences et mettre en place une suppléance mentale », explique la Dr Rouillon. À l’école, demander des supports écrits, réaliser les examens au calme ou encore être dispensé d’épreuves de compréhension orale sont autant d’astuces pour améliorer le confort d’apprentissage. En outre, il est possible d’équiper l’enseignant d’un micro déporté, ou de proposer à l’enfant une légère amplification (de l’ordre de 4 à 6 dB) à l’aide d’un appareil auditif afin de pallier le déficit de compréhension orale. Cette aide momentanée pourra aider le patient à développer ses capacités. « Il convient de rester prudent tant sur le diagnostic que sur l’amplification proposée car il n’existe aucun test objectif », commente la Dr Rouillon, et parce que les résultats peuvent évoluer positivement à la faveur de la maturation des processus auditifs centraux.

Afin de mieux comprendre cette pathologie, Audika soutient en parallèle une étude menée à l’hôpital Necker. Initiée en 2019, elle est basée sur le passage des enfants TTA en IRM fonctionnelle. Le but : « Aller voir ce qu’il se passe au niveau cérébral, et identifier des particularités chez ces enfants », explique Cyrille Coudert. Les résultats seront disponibles prochainement, l’étude est en cours de publication. La bande dessinée, elle, est d’ores et déjà disponible sur demande.

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