Les aides auditives pour lutter contre la démence

Les aides auditives seraient non seulement efficaces pour lutter contre la démence, mais cette intervention serait économiquement bénéfique. Une récente analyse coût-bénéfice et coût-utilité plaide en effet en faveur de l’appareillage.

Par Bruno Scala
balance economie sante

La perte auditive est le premier facteur évitable de la démence. Ce lien a été montré par une commission du Lancet il y a trois ans1, et confirmé il y a quelques semaines2. Suivent notamment le tabagisme et l’absence d’éducation. Au total, la commission avait identifié douze facteurs de risques évitables de la démence.

Ces mêmes chercheurs se sont intéressés aux économies qu’il serait possible de réaliser sur le coût de la démence en évitant la survenue de ces facteurs de risques ou en les corrigeant3. Ils ont étudié neuf facteurs mais ce sont surtout la perte auditive, l’hypertension et le tabagisme qui se sont révélés intéressants. Par l’utilisation d’actions correctives, les chercheurs estiment que le NHS (le système de santé anglais) pourrait économiser 1,9 milliard de livres (environ 2 milliards d’euros) chaque année, 866 M£ de soins sociaux et 1,05 G£ de soins familiaux. Ces économies s’accompagneraient d’une réduction de la prévalence de la démence de 8,5 % et d’une amélioration de la qualité de vie des personnes concernées.

Pris isolément, l’évitement de la perte auditive – grâce à l’appareillage (voir encadré) – permettrait de faire économiser 755 M£ (355 de coûts sociaux, 423 familiaux... contre un coût de 335 M£ pour l’appareillage*). L’analyse coût-bénéfice est donc positive : l’action préventive est moins onéreuse que le coût de la démence causée par l’absence de prise en charge.

Gain d’année de vie

En plus de l’analyse coût-bénéfice, les auteurs ont effectué une analyse coût-utilité, mesurée en QALY (quality-adjusted life-year ou année de vie ajustée par sa qualité). Elle montre que l’appareillage permet un gain notable. Cette analyse part du constat que les personnes atteintes de démence ont une qualité de vie dégradée. Globalement, des études ont estimé qu’une année de vie de démence correspond à des QALY de 0,71, 0,64, et 0,38 pour respectivement les stades moyen, modéré et sévère (sachant qu’un QALY de 1 correspond à une année de vie en parfaite santé, 0 étant la mort). Selon les auteurs, une personne de 45 ans dispose d’une espérance de vie de 16,58 QALY. L’analyse coût-utilité indique qu’avec un appareillage à cet âge, l’espérance de vie augmenterait sensiblement, atteignant 16,66 QALY. Cette augmentation s’accompagnerait, pour cette personne, d’une diminution des coûts liés à la santé de 607 £ (53 726 £ contre 54 333 £).

Ces résultats confirment ceux obtenus par les économistes de la santé Jean de Kervasdoué et Laurence Hartmann en 20164. Ils avaient en effet montré qu’« il coûterait moins cher d’appareiller la population appareillable non équipée que de ne pas l’appareiller, tout en générant des gains notables en qualité de vie. » Dans le détail, les économistes avaient en effet estimé que « le coût total d’appareillage des personnes non appareillées éligibles (en tenant compte du taux d’observance) serait de 1,5 milliards d’euros, pour 48 000 QALY gagnées et pour 1,7 milliard d’euros de dépenses de soins évitées, soit un ratio de - 830 euros/QALY ».

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