Les résultats aux tests VRB et Framatrix aujourd'hui mieux cartographiés

Les résultats de deux études coordonnées par Julie Bestel, membre de la SFA, ont été publiés récemment, concernant la VRB et le Framatrix. Ils mettent en évidence la grande variabilité des performances dans le bruit, en particulier chez les sujets dits « normo-entendants ».

Par Stéphane Davoine
(c)peterschreiber.media AdobeStock

Depuis l’arrêté de novembre 2018 portant modification des modalités de prise en charge des aides auditives – modalités incluant désormais un critère de compréhension dans le bruit –, l’audiométrie vocale dans le bruit s’est imposée comme un test essentiel.

Présentant une bonne crédibilité scientifique, le Framatrix et la Vocale Rapide dans le Bruit (VRB), ont fait l’objet de deux études cliniques coordonnées par Julie Bestel, responsable scientifique d’Audilab et membre de la SFA, auxquelles ont pris part Thierry Mom, Christophe Vincent, Christian Renard et Mathieu Robier, également membres de la SFA. Ces travaux permettent d’affiner la compréhension du comportement des deux tests, jusqu’alors insuffisamment documentés. « En 2019, concernant le Framatrix, on n’avait de références qu’en condition de bruit “direct” : parole et bruit délivrés par un seul haut-parleur, en face du sujet ; il y avait une vraie demande du terrain d’obtenir des valeurs dans une condition plus écologique de bruit “diffus”. La VRB, pour sa part, n’était assise que sur une quantité de données limitée pour définir les valeurs de référence, en particulier pour les normo-entendants », justifie Julie Bestel.

Justesse d’élaboration de la VRB

Menée auprès de 297 patients des centres Audilab, l’étude Framatrix a permis d’établir la distribution des scores (SIB50) selon différents grades de surdité. Un sous-échantillon de patients a passé le test dans deux conditions : bruit « direct » et bruit « diffus ». « Cela a permis de confirmer que pour démasquer la parole dans le bruit, les sujets présentant des pertes légères sont plus à même d’utiliser les indices spatiaux que ceux atteints de pertes plus importantes », précise l’audioprothésiste.

Connaitre la performance du normo-entendant pour un test donné est nécessaire puisque le décret de 2018 mentionne un écart du RSB de plus de 3 dB par rapport à la « norme » comme critère d'appareillage. Bénéficiant d’une collaboration entre Audilab et les Laboratoires Renard, l’étude VRB (641 sujets) a ainsi attesté la précision de l’outil, qui par construction doit mener à un score de « zéro » chez le normo-entendant. « Nous avons validé cette valeur sur la base d’un gros pool de normo-entendants et montré la sensibilité, la fiabilité et la grande reproductibilité du test », résume Julie Bestel.

Dans ces deux articles, les auteurs ont établi la distribution des scores (SIB50) à chacun des tests, et analysé la relation entre la perte dans le bruit et la perte tonale. « Nos travaux ont mis en évidence une très grande variabilité des scores. De plus, à perte tonale donnée, il existe une grande étendue de SIB50 possibles, ce qui signifie que la perte tonale seule est peu prédictive de la performance dans le bruit. C’est pourquoi il est indispensable de faire passer un test de vocale dans le bruit, en complément des tests classiques, pour caractériser correctement le déficient auditif », insiste Julie Bestel.

Intervalles de fluctuation

Si le Framatrix ne mesure que le SIB50, la VRB établit la courbe de pourcentages de réponses correctes à plusieurs RSB, un atout central de cet outil. « Nous avons exploité le grand nombre de patients pour reconstruire et étudier cette courbe psychométrique, par grade de surdité. Ainsi, nous disposons maintenant de références d’indicateurs, tels que la pente au SIB50. Cela permet par exemple d’anticiper le gain de performances quand le RSB augmente au-delà du SIB50 », explique Julie Bestel.

Pour la responsable scientifique d’Audilab, ces deux études illustrent la complexité du sujet de l’audiométrie vocale dans le bruit. Les résultats dépendent du test et de ses conditions de passation. Quel que soit l'outil, la variabilité des résultats, en particulier chez le normo-entendant, montre qu’il faut se référer à des intervalles de fluctuation plutôt que chercher à établir une « norme ».

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