Première française !
Le Pr Sébastien Schmerber (au centre de la photo, assisté de son interne Marin Bourree) est le premier ORL à réaliser en France une implantation cochléaire à l’aide de l’Otodrive. Ce robot, qui a obtenu le marquage CE en septembre 2024, est développé par Cascination et MED-EL, et pour l’ORL grenoblois, « c’est la bonne démarche : une solution intégrée venant d’un fabricant d’implant, qui propose ainsi une protocole complet ». Cette première a eu lieu en décembre 2024 au CHU de Grenoble. Nous avons suivi la deuxième opération, en janvier 2025. La patiente est âgée de 59 ans et présente une surdité totale unilatérale avec acouphènes invalidants post chirurgie otospongiose ; elle est appareillée du côté gauche pour une surdité moyenne à sévère.
Compact et mobile
L’Otodrive est un robot, facile à transporter, dans une valise (portée ici par Josselin Lebour, ingénieur commercial implant cochléaire MED-EL). Un réel atout : il peut être aisément changé de bloc ou même de site, et il est compact, ce qui lui permet d’être couplé à des appareils plus volumineux et néanmoins indispensables comme le microscope, en maintenant une liberté de mouvement dans le bloc. « À terme, nous l’utiliserons pour toutes les implantations, à l’exception des malformations de la cochlée », indique le Pr Sébastien Schmerber.
Installation rapide
Le bras robotisé Otoarm, s’installe en quelques minutes, et peut se déplacer d’un côté ou l’autre de la table d’opération à laquelle il est accroché, en quelques secondes. Comme le boitier contrôle sur lequel sont branchés le pédalier et la partie terminale, il fonctionne sur batterie portable.
Implant cochléaire
L’implant choisi pour cette patiente est un Synchrony 2 de MED-EL avec un porte-électrodes de 28 mm (Flex28). Si le robot a été développé par le fabricant autrichien, il est techniquement compatible avec toutes les marques.
Intuitif
Le bras robotisé Otoarm permet au Pr Sébastien Schmerber de maintenir et positionner précisément l’outil d’insertion Otodrive : des forceps et connecteurs sont placés à son extrémité pour recevoir le porteélectrodes. Le chirurgien détermine ensuite la vitesse d’insertion via le logiciel. « Le robot ne nécessite pas de courbe d’apprentissage car la prise en main est intuitive, ce qui permet une bonne intégration au bloc opératoire et le respect du protocole chirurgical habituel de l’équipe », explique le Pr Schmerber.
Insertion lente et stable
L’implant est inséré dans la cochlée par la fenêtre ronde, à une vitesse très faible et constante, afin de conserver au mieux les structures de l’oreille. La vitesse minimale est de 0,1 mm par seconde, plus lente et plus stable qu’une main humaine (la vitesse est environ de 3 mm par seconde sans assistance du robot). Le chirurgien peut stopper et reprendre l’insertion du porte-électrodes grâce à un pédalier.
Sous contrôle
La vitesse d’insertion et la position du porte-électrodes sont monitorées par l’ingénieur MED-EL. L’Otodrive permet une vitesse comprise entre 0,1 mm/s et 1 mm/s et 40 mm de capacité de déplacement. En mars, de nouvelles implantations sont programmées. Elles seront surveillées grâce aux données électrophysiologiques per opératoire par électrocochléographie, « le top dans les indications avec audition résiduelle, pour garantir la préservation des restes auditifs par une implantation atraumatique », selon Sébastien Schmerber.
Préservation de l'audition résiduelle
« En tant que chirurgiens, notre démarche a toujours été de chercher à mécaniser l’étape la plus délicate de l'implantation cochléaire, l’insertion, pour qu’elle soit la plus lente, atraumatique, reproductible pour garantir la même qualité quel que soit l’opérateur et le patient », explique le chef du service ORL du CHU de Grenoble. L’Otodrive est destiné à tous les patients, adultes et enfants (sauf pour les cochlées malformatives). Il est pour l’instant testé sur des adultes, mais l’insertion atraumatique, un des chevaux de bataille de MED-EL depuis des années, est avant tout un objectif pour les enfants : « La préservation de l'audition est particulièrement importante pour les enfants parce qu'avec les progrès du génie génétique, on ne sait pas ce que peut espérer dans 50 ans un enfant implanté aujourd’hui », se demande l’ORL.
