Mesurer le succès de l'implantation cochléaire

Comment prédire si une implantation cochléaire va donner de bons résultats, à savoir permettre au malentendant de bien comprendre les signaux de parole ? Selon une méta-analyse réalisée par une équipe américaine¹, analysant 13 publications scientifiques portant sur 1 095 patients, les résultats aux tests de reconnaissance de mots réalisés avant l’implantation, principal critère d'éligibilité à l'implantation, ne permet de prédire la réussite qu’à hauteur de 22 %. La durée de surdité ne fait pas mieux. Quant à l’âge d'implantation, c’est un meilleur prédicteur, mais guère excellent (correlation de -0,31).

L’avis de la Dr Diane Lazard²

« Prédire pendant la consultation préopératoire les performances de reconnaissance de parole que va vous apporter un implant cochléaire reste un challenge pour les cliniciens. Des études cliniques tentent depuis les années 1990 de trouver des facteurs pronostiques facilement identifiables. Cette nouvelle méta-analyse confirme d’autres travaux montrant que les données cliniques n’offrent qu’un pronostic très parcellaire. Les équipes de neurosciences cherchent à expliquer ces 80% restant en mettant en évidence des plasticités développées sous la pression de la surdité. Maintenir un fonctionnement habituel du cerveau en privilégiant l’analyse du langage dans l’hémisphère gauche offre des performances avec l’implant bien meilleures que lorsque des réorganisations mobilisent des ressources du cerveau droit. Cette dernière stratégie peut se révéler performante pendant la surdité mais desservira l’analyse de l’information auditive fournie par l’implant. Comment maintenir une organisation physiologique ? S’appareiller vite, maintenir les interactions sociales en s’appuyant sur la lecture labiale. Reste à découvrir à quelle hauteur ces données neurofonctionnelles participent à la variabilité. »