02 Mai 2023

Mieux inhiber les neurones pour mieux entendre

La presbyacousie est une pathologie causée par une défaillance de l’oreille, mais également du fonctionnement cérébral. L'équipe de Patrick Kanold, à l’université Johns-Hopkins, en a apporté la preuve dans de récents travaux qui mettent en lumière un mécanisme sous-jacent. Pour cela, les chercheurs ont observé l’activité cérébrale – et plus particulièrement des neurones du cortex auditif primaire – de souris, qui exécutaient des tâches auditives consistant à détecter un son dans un fond sonore.

D’abord entraînées à collecter une récompense quand elles entendaient le stimulus dans le silence, les souris devaient ensuite reproduire la tâche dans le bruit. Et à ce jeu, les souris âgées étaient moins performantes que les jeunes. En cause : l’activité des neurones corticaux, observées grâce à une technique appelée imagerie calcique à deux photons. Chez les souris âgées, en présence de bruit, les neurones étaient plus actifs qu’ils n'auraient dû tandis que chez les jeunes souris, cette activité était supprimée. Sans cette inhibition, lorsque le stimulus à détecter survient, l’activation supplémentaire qui en découlait peinait à émerger de l'activité neuronale déjà existante. Les souris âgées parvenaient donc mal à distinguer le stimulus et même, parfois, en percevaient à tort. Pour les auteurs, identifier les neurones qui sont impliqués dans la suppression d'activité liée au bruit pourrait ouvrir une voie thérapeutique. 

Des résultats que Jean-Marc Édeline, directeur de recherche à l'Institut des neurosciences Paris-Saclay, juge « surinterprétés ». Il note plusieurs approximations qui devraient inciter à la prudence. Elles concernent la méthodologie (choix des souris ou de la technique d'imagerie « qui n'a pas une assez bonne résolution temporelle ») ou encore l'analyse. Par exemple, la publication indique « que certains animaux jeunes n’apprennent pas (ils présentent des performances équivalentes aux animaux vieux les moins bons aux tests) et que des animaux vieux apprennent plutôt bien..., relève le chercheur parisien. Pourtant, par la suite, il est affirmé que les animaux vieux sont pénalisés pour la détection dans le bruit car la suppression corticale est déficitaire. Qu’en est-il chez les jeunes qui ont du mal à apprendre ? »

Enfin, « il est important de considérer que le cortex auditif n’est pas la structure qui va nécessairement le mieux détecter des stimuli dans le bruit, précise Jean-Marc Édeline. Le thalamus auditif et les différents noyaux du tronc cérébral auditif vont être au moins aussi bons que le cortex (voire meilleurs) et ils vont aussi subir des altérations au cours du vieillissement. Peut-être faudrait-il regarder cet aspect dans le futur ».

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