Fin septembre, le Premier ministre Michel Barnier a nommé Geneviève Darrieussecq ministre de la Santé et de l’Accès aux soins. Celle-ci succède au tandem formé par Catherine Vautrin et Frédéric Valletoux et devient la huitième locataire de l’avenue de Ségur sous la présidence d’Emmanuel Macron (la sixième depuis sa réélection). Un renouvellement qui donne le tournis et s’avère peu propice à l’avancée des multiples dossiers en souffrance de ce ministère. Avec cette nomination, les professionnels de santé ont retrouvé un ministre qui leur est entièrement dédié – ses prédécesseurs avaient hérité d’un super ministère au sein duquel le portefeuille de la santé côtoyait ceux du travail et des solidarités – mais ont perdu au passage la « prévention », qui apparaissait dans l’intitulé de Frédéric Valletoux. Tout un symbole.
En échange, Geneviève Darrieussecq récupère « l’accès aux soins ». C’est là l’un des axes prioritaires de sa feuille de route, présentée lors de la passation de pouvoir au ministère de la Santé, le 23 septembre. Pour progresser, a-t-elle expliqué, le système de santé doit « se décloisonner ». « Chacun ne doit pas considérer l’autre comme un concurrent mais comme un compagnon de route », a-t-elle ajouté. C'est aussi l'un des « grands chantiers » affichés du gouvernement Barnier. Dans son discours de politique générale, le 1er octobre, le Premier ministre a en effet promis de faire de la lutte contre les déserts médicaux et la pénurie de soignants « l'une des priorités » de l'exécutif. Il prévoit pour cela de réquisitionner internes et médecins retraités pour les envoyer à la rescousse des territoires les plus exsangues. Il envisage même d’aller « plus loin » avec l’extension des compétences des pharmaciens et des kinésithérapeutes, le recours à la télémédecine et aux bus de santé...
Qu’on se rassure donc : les affaires reprennent au ministère de la Santé. Peut-être verrons-nous dans les prochains mois des avancées en termes de téléaudiologie, de délégation de compétences... autant de dossiers à enjeux pour la filière. Cela ne veut pas dire que la prévention – dont le secteur a grandement besoin – doit être oubliée. Espérons que les initiatives législatives qui ont vu le jour avant la cacophonie politique des dernières semaines renaitront de leurs cendres.