« Nos 1 200 points de vente participent à l’économie sociale et solidaire »

Enseigne à part dans le paysage audioprothétique français, Écouter Voir est née en décembre 2019 de la fusion des Opticiens Mutualistes et d’Audition Mutualiste. Un an après, son directeur général et sa directrice générale déléguée, Arthur Havis et Daniela Dalla Valle, reviennent sur les enjeux de cette transformation dont la clé de voûte est la synergie optique et audition.

Propos recueillis par Laura Huynh Quang et Ludivine Aubin-Karpinski
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Arthur Havis, directeur général, et Daniela Dalla Valle, directrice générale déléguée d'Ecouter Voir

Audiologie Demain (AD) : Qu’est-ce que cela signifie être une enseigne mutualiste ?

Daniela Dalla Valle (DDV) : Cela tient en quatre mots : responsable, transparent, collaboratif et solidaire. Cela veut dire garantir une prise en charge de qualité à toutes les personnes qui viennent s’équiper chez nous, en toute transparence et au prix juste. Aujourd'hui nos audioprothésistes ont fait le choix de se maintenir sur un prix 150 € moins cher que celui proposé par toutes les autres enseignes en prix moyen, hors discount.

Arthur Havis (AH) : Nous ne sommes pas une enseigne comme les autres. La différence du mutualisme vient de sa structure même : nous n’avons pas d’actionnaires. Nos adhérents sont décisionnaires. Tous nos bénéfices sont réinvestis dans nos outils de travail ou dans l’économie sociale et solidaire. Nos 1 200 points de vente participent à cette économie solidaire. Par ailleurs, nous formons, avec les mutuelles d’assurance, les complémentaires santé, une grande famille. Nous sommes l’un des piliers de cet univers mutualiste et l’ensemble oeuvre au bénéfice des Français pour faciliter l’accès aux soins. En audition, cela se fait par un maillage dense, la qualité de l’accueil, la transparence et nos valeurs affichées dans nos centres. Cela se concrétise enfin par la qualité au juste prix. Acheter ses lunettes ou ses aides auditives chez Écouter Voir, c’est, ainsi, contribuer à cette économie sociale et solidaire.

Nous ne sommes pas une enseigne comme les autres.

AD : Il y a un an, Audition Mutualiste et Les Opticiens Mutualistes fusionnaient en une seule enseigne, Écouter Voir. Pouvez-vous revenir sur les raisons de cette transformation et dresser le bilan un an après ?

AH : Ce changement était indispensable, à l’aube du plein déploiement de la réforme du 100 % Santé. Il est encore plus important aujourd’hui, compte tenu des problématiques sociétales et de santé, que le mouvement mutualiste prenne la parole pour répondre aux nouveaux enjeux sur les secteurs de l’optique et de l’audition et qu’il réaffirme son positionnement dans l’univers de la santé. Nous souhaitons porter nos valeurs, nous imposer comme une enseigne différente, une alternative reposant sur la synergie optique et audition.

En à peine une année, nous avons réussi à lancer une nouvelle enseigne et à déployer notre nouvelle identité sur la quasi-totalité de nos magasins. La transformation est en cours.

DDV : Nous travaillons à cette révolution depuis deux ans, pour nous adapter aux nouveaux enjeux du 100 % Santé. Nous avons intégré de nouveaux membres et réalisé une consultation auprès de tout notre réseau qui a mené à la nouvelle enseigne Écouter Voir. Ce ne sont pas de simples mots ; ils résument la raison d’être de nos métiers : la vue et l’audition. Et, au-delà, ils symbolisent notre engagement dans une démarche de transformation profonde. Nous sommes aujourd’hui une seule et même enseigne. Cela signifie que nous allons pouvoir créer de la transversalité.

AD : La fusion en décembre 2019 a signé pour Écouter Voir un changement de paradigme avec le lancement d’une stratégie de communication ambitieuse. Pourquoi sortir de votre traditionnelle réserve ?

AH : Il était en effet nécessaire d'amorcer cette transformation pour gagner en visibilité et ainsi porter loin nos valeurs. Nous sommes le 3e acteur sur le secteur de l’audition, avec 7 % de parts de marché, et le 5e en optique, avec 8 % de parts de marché, mais nous étions aux 10e et 9e rangs en termes de notoriété. Nous sommes certes mutualistes, mais nous évoluons dans un monde de communication. Si l’on veut exister, il faut utiliser ces outils. Notre première communication a montré notre ambition en termes de visibilité. La crise sanitaire nous a imposé de ralentir le process pour préserver l’économie de nos adhérents, mais nos objectifs restent identiques. Ils sont simplement décalés dans le temps.

DDV : Nous souhaitons rappeler que nous nous adressons à tous les Français et pas seulement à une frange de la population. Notre intention est de montrer que nous existons, pour rendre visible l’offre mutualiste, et ce, dans un contexte de forte concurrence. Nous sommes un acteur de poids avec 1 200 points de vente dans toute la France et tenons à le faire savoir. C’est pourquoi, nous avons entrepris un plan de communication ambitieux avec notamment une présence à la télévision. En mars 2021, nous lancerons notre prochaine campagne sur l’audition. Sans rien vous dévoiler, nous pouvons vous dire que nous communiquerons au même niveau que les autres...

AD : Quels sont pour vous les enjeux de cette synergie entre optique et audition et comment va-t-elle s’exprimer concrètement ?

AH : Cette synergie est inscrite dans notre ADN. Nous disposions auparavant de deux enseignes distinctes mais elles étaient réunies sous une seule et unique structure, Visaudio. Les espaces audition dans des centres optiques existaient déjà. Nous souhaitons aujourd’hui aller plus loin. L’uniformisation du réseau est en soi un acte de synergie. Celle-ci ne doit pas s’exprimer uniquement au travers d’offres commerciales mais elle doit aussi être stratégique et se concrétiser dans une vision commune et des valeurs partagées.

Plus que jamais, l'optique et l’audition sont des métiers du soin et leur réunion fait sens aujourd’hui. La santé auditive et la santé visuelle sont des combats que nous devons mener, en tant que mutualistes. Ce ne sont évidemment pas les mêmes métiers. Mais, des enjeux forts les rapprochent, comme le vieillissement de la population, la problématique du 100 % Santé. Bien voir et bien entendre sont indispensables à la vie et à l’intégration dans la société. Tout l’enjeu se situe dans l’interaction entre ces deux activités et notre capacité, en tant qu’acteurs de santé, à fournir une réponse coordonnée et structurée à l’enjeu qu’est le mieux vivre et le bien vieillir. Pour cela, nous souhaitons proposer un accompagnement global sur ces problématiques de santé visuelle et auditive.

DDV : Si nous voulons améliorer le taux de pénétration, ce n’est pas juste une question de prix mais de démystification de la prothèse auditive. Le 100 % Santé ne résoudra pas tout. Nous sommes sur un marché de contraintes. Si on veut améliorer cette situation, la double activité peut permettre de capter la clientèle optique pour l’orienter vers nos audioprothésistes. Tout cela demande du temps. Notre volonté doit également composer avec les 64 groupements adhérents que nous représentons. Nous sommes la tête d’enseigne de tous ces gestionnaires de tailles très variées qui ont leurs propres priorités. Si on veut créer une vraie synergie, proposer des offres communes, cela suppose de réformer et homogénéiser les pratiques, de former le personnel afin que chacun connaisse le métier de l’autre. Nous avons conçu un nouveau concept de point de vente, moderne, doté des meilleurs équipements, avec un bel espace dédié à l’audition. Nous travaillons en outre à la redéfinition d’un parcours de soins commun, facilitant le passage de l’un à l’autre. Nous souhaitons transformer le processus de vente afin qu’il intègre les deux activités. Tout cela est en bonne voie.

Cente Ecouter Voir
"Nous avons conçu un nouveau concept de point de vente, moderne, doté des meilleurs équipements, avec un bel espace dédié à l’audition."

AD : Où en est l’enseigne Écouter Voir aujourd’hui ?

AH : Nous représentons 1 200 points de vente en France. Sur 414 laboratoires d’audioprothèse, 276 sont intégrés dans des centres d’optique et nous comptons près de 285 audioprothésistes. Nos ambitions affichées de développement pour l’année 2020 ont été freinées par la Covid. Mais l’ambition est toujours la même. Malgré la crise et deux mois et demi de confinement, notre activité 2020 était en évolution positive. Évidemment, nous nous préparons à la mise en place définitive du 100 % Santé et à son corollaire, les 360 000 nouvelles aides auditives annoncées pour les trois années à venir. Nous chercherons à prendre notre part.

AD : À quelques semaines du plein déploiement de la réforme du 100 % Santé, comment envisagez-vous l’accès à l’appareillage et le remboursement des classe II par les mutuelles ?

DDV : Aujourd’hui, nous sommes en ligne avec le reste du secteur en ce qui concerne la part des produits classe I dans nos ventes. Nous estimons que celle-ci atteindra 20 - 25 % des appareillages en 2021. Notre modèle économique nous permettra d’être moins impactés que d’autres enseignes qui vendent plus cher à prix moyen.

AH : Nous sommes les acteurs d’une même chaîne, il faut que tout le monde puisse trouver son équilibre. Le combat pour l’accès aux soins n’est pas fini.

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