« Nous vivons un moment historique dans le monde de l’audiologie »

Audiologie Demain (AD) : Le congrès portera sur le thème de l’évolution des pratiques professionnelles. Pourquoi ce choix ?

François Dejean (FD) : La ville de Montpellier, berceau de la médecine, a toujours été tournée vers la recherche médicale et l’innovation. Dans notre domaine, le pôle audition de l’institut de Neurosciences dirigé par Jean-Luc Puel conduit une recherche fondamentale et translationnelle... Cette ouverture au transfert des connaissances à la pratique clinique sera l‘état d’esprit du congrès. Le professeur Alain Uziel et le docteur Françoise Sterkers-Artières, pionniers de l’implant cochléaire, sont d’ailleurs les présidents d’honneur de l’événement.

Ensuite, la santé auditive est aujourd’hui sur le devant de la scène. Les liens récemment établis entre perte auditive et déclin cognitif ont été un véritable coup de tonnerre dans le monde de l’audiologie. Le rapport de l’OMS paru en avril 2021 témoigne de la prise de conscience universelle de l’importance de bien entendre. En France, la réforme du 100 % Santé met en place un parcours de soins de qualité et l’accès à la réhabilitation auditive pour tous.

Nous vivons donc un moment historique dans le monde de l’audiologie qui nous invite à aller de l’avant, pour prendre en charge au mieux nos patients. Se préparer à ces évolutions sera ainsi le mot d’ordre de notre 16^e congrès.

AD : Quels seront les temps forts du congrès ?

FD : Nous proposerons plusieurs sessions en lien avec l’actualité.

La première concerne la surdité liée à l’âge et traitera des différentes altérations dans le traitement du signal de la parole et leurs progressions au fil des années. Quatre communications seront proposées par des chercheurs renommés pour aborder les différents niveaux de perturbations de la périphérie aux fonctions cognitives.

Un autre temps fort sera consacré à la déficience auditive de l’enfant avec toujours en toile de fond la parole et l’accès au langage oral. Quels sont les résultats du dépistage et ses manquements ? Quelles sont les conséquences d’une prise en charge tardive et d’une période de privation sensorielle, même partielle, sur le neurodéveloppement ?

Une attention très particulière sera accordée au thème de la réhabilitation par aides auditives et implant cochléaire à travers des tables rondes et ateliers. La remarquable évolution des performances des processeurs et le développement de services et applications soulèvent de nombreuses questions, auxquelles nous tâcherons de répondre.

Nous présenterons également une session scientifique sur les effets méconnus du bruit qui sera introduite par Mark Laureyns, responsable du projet Listening Safe à l’OMS, et une table ronde sur la réforme du 100 % Santé, présidée par le professeur Bernard Fraysse.

Outre des intervenants français de renom, nous avons souhaité la participation d’experts d’autres pays européens (Tobias Moser, Andrej Kral, Christian Fullgrabe, Inga Holube...) qui permettra un autre regard sur certains sujets.

AD : Est-ce que chaque profession de l’audiologie y trouvera son intérêt ?

FD : Bien sûr ! Toutes les professions représentées par la SFA trouveront matière à réflexion. L’alternance de sessions plénières et d’une dizaine d’ateliers pratiques répartis sur deux jours offrira un large éventail de thématiques. La rééducation auditive sera mise à l’honneur au cours d’une session intitulée « Nouvelles stratégies de prise en soin orthophonique ».

Nous souhaitons que tous les professionnels de l’audiologie profitent de ce congrès pour leurs propres pratiques mais aussi pour s’imprégner de la nécessité d’une prise en charge pluridisciplinaire coordonnée pour le plus grand bénéfice des patients.